Danemark : le projet-pilote de cannabis médical jouera les prolongations

Le ministre de la Santé danois Magnus Heunicke s’est dit prêt à prolonger le projet-pilote de cannabis médical du pays pour l’évaluer de manière significative.

Comme la France, le Danemark avait fait le choix en 2016 de tester le cannabis médical sur un groupe défini de patients et pour des pathologies ciblées : la sclérose en plaques, les douleurs chroniques, les lésions de la moelle épinière et les nausées et vomissements résultants d’une chimiothérapie. L’expérimentation avait débuté début 2018.

Le schéma d’essai a néanmoins été confronté à de nombreuses difficultés. Le programme ne prévoyait notamment pas assez de produits, ces derniers étant en plus trop chers. Le plan prévoyait que du cannabis produit au Danemark puisse fournir rapidement un accès à des produits moins chers, mais la production danoise n’est pas encore prête pour mettre sur le marché le nombre requis de produits aux exigences de sécurité strictes.

Les médecins danois ont également critiqué l’absence d’un guide pour le traitement médical du cannabis, qui faciliterait la prescription et l’adoption d’un nouveau traitement, notamment par des médecins réticents ou jusqu’ici privés de formation sur le sujet. Ils se sont d’ailleurs réunis de leur propre initiative avec des chercheurs des hôpitaux universitaires au sein du Klinisk Cannabis Forum pour trouver des solutions constructives aux erreurs et lacunes qu’ils voient dans le programme pilote.

Une récente étude de la Scleroseforeningen, association de malades atteints de sclérose en plaques, a aussi montré que la plupart des patients qui se traitent avec du cannabis ne l’acquièrent pas via l’expérimentation, mais sans contrôle d’un médecin et au marché noir.

“Il faut être honnête et dire que ceux qui étaient sceptiques depuis le début avaient raison de dire qu’il n’y avait pas de marché prêt au Danemark. Vous pouvez clairement voir cela. Nous n’avons pas pu préparer la production rapidement au Danemark, cela a été beaucoup plus difficile que prévu”, explique Magnus Heunicke.

“Il est difficile d’évaluer quelque chose qui n’a pas vraiment commencé. L’évaluation du programme doit se faire sur une base appropriée et si, en raison des difficultés de démarrage, d’échecs de livraison… l’essai, tel qu’il a été exécuté jusqu’à présent, ne peut être évalué, nous devons alors respecter le schéma qui a été défini et s’assurer que nous pouvons obtenir une évaluation appropriée, et je suis également ouvert au fait que le programme devra peut-être être prolongé de quelques années.”

L’évaluation, prévue initialement en 2020, devait servir à décider de rendre le cannabis médical permanent.