Cannabis en France

Députés et cannabis : Entre questions légitimes et clichés sur le cannabis

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Mardi 16 juillet, la Commission des Affaires Economiques recevait Emmanuelle Auriol et Pierre-Yves Geoffard, co-auteurs du rapport “Cannabis : comment reprendre le contrôle” publié récemment sous l’égide du Conseil d’Analyse Economique et appelant à une légalisation rapide du cannabis en France. Comme l’a rappelé le président de la Commission, Roland Lescure, l’audition se voulait un préalable au lancement de la future Mission d’information sur les usages du cannabis, qui accueillera éventuellement la Commission Culture et Education en plus des 4 autres déjà prévues.

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Après avoir rappelé les grandes lignes de leur rapport, Emmanuelle Auriol et Pierre-Yves Geoffard ont répondu aux questions des députés membres de la Commission, que nous vous retranscrivons ici, véritables thermomètres des avis sur le sujet. L’audition est visible dans son intégralité sur le site de la Commission.

Entre questions légitimes et clichés sur le cannabis

Aspects économiques

L’audition se faisant au sein de la Commission des Affaires Economiques, avec les auteurs d’un rapport économique, l’aspect purement économique ne pouvait être évité. Jean-Baptiste Moreau, député LREM de la Creuse et porteur de la prochaine Mission d’information sur le cannabis a commencé par s’interroger sur les effets économiques de la légalisation des différents usages du cannabis dans les pays étrangers et sur l’influence de la légalisation du cannabis récréatif sur les filières du chanvre existantes.

Si le député LR Eric Pauget a trouvé choquant d’aborder le sujet du cannabis sous l’angle économique, le député démocrate Jean-Luc Lagleize a, lui, demandé si des prix modérés du cannabis ne pouvaient pas attirer de nouveaux consommateurs et quelle serait la situation avec les autres pays européens qui ne franchiraient pas le cap.

Guillaume Kasbarian et Mickaël Nogal (LREM) se sont prononcés en faveur d’une légalisation, parlant de lever le “voile de pudeur” que la France jette sur le sujet, rappelant les nombreuses techniques Snapchat des dealers, et s’interrogeant sur les canaux de production et de distribution nécessaires à la mise en place d’une réelle politique de protection des consommateurs.

Anne Blanc (LREM) conçoit la mise en place d’une filière de production locale mais ne souhaite pas en faire un enjeu de la légalisation.

Protection des jeunes

La question de la protection des jeunes a été abordée à de nombreuses reprises :

  • Eric Pauget a rappelé l’effet du cannabis sur les jeunes et s’inquiète de l’effet passerelle du cannabis
  • Thierry Benoit (UDI) a abordé la question de la perceptibilité de l’usage du cannabis, estimant qu’il avait été interdit car nocif
  • Sébastien Leclerc (LR) se demande si la légalisation ne risque pas de faciliter l’accès au cannabis
  • Jean-Claude Bouchet (LR) interroge la capacité à garantir le non-accès aux mineurs
  • Dider Martin (LREM) a rappelé que la consommation de cannabis chez les jeunes était associée à d’autres produits
  • Anne Blanc se demande si les jeunes ne plongeront pas dans les drogues dures une fois le cannabis légalisé et doute de la capacité de l’Etat à leur interdire la vente

Marché noir

Le marché du cannabis étant aujourd’hui préempté par le marché noir, les députés s’interrogent aussi sur l’effet d’une légalisation sur celui-ci. Sébastien Leclerc a demandé s’il existait des chiffres sur la baisse de la délinquance post-légalisation. Jean-Claude Bouchet considère l’argument de l’assèchement des réseaux de contrebande comme simpliste et y voit surtout une normalisation de l’usage. Il considère toutefois la possibilité pour les forces de police d’avoir alors la possibilité de passer plus de temps sur les autres drogues. Didier Martin pose la question des futures ressources pour les dealers, et notamment la vente de nouvelles drogues.

Santé publique

Les parallèles avec l’usage de l’alcool ont été posés plusieurs fois, par exemple par Thierry Benoit (UDI), ou par Sophie Beaudouin-Hubière (LREM) qui demande une étude comparative entre cannabis et alcool, “en s’affranchissant du fait que nous sommes un pays reconnu pour sa production de vin”. Elle pose aussi la question du seuil à partir duquel la conduite sous cannabis n’est plus possible, en rappelant qu’il est aujourd’hui légal de conduire sous anxiolytiques, qui ont les “mêmes effets” que le cannabis.

Jean-Claude Bouchet demande aussi à creuser les aspects d’accidentologie routière et de santé.

Roue libre

Gardons le meilleur pour la fin en la personne de Claire O’Petit (LREM) qui ne voit rien de “récréatif” dans le cannabis. Après avoir rappelé que le meurtrier de Sarah Halimi avait consommé du cannabis, elle souligne que les consommateurs sont vulnérables à cette drogue toute leur vie. Elle ne voit une légalisation du cannabis que sous le spectre de la faiblesse de l’Etat et se demande s’il doit être dealer. Elle estime que la démarche répressive doit être poursuivie, évoquant la possibilité d’une généralisation du dépistage du cannabis lors des contrôles routiers.

Quelles réponses apporter aux députés ?

Si la Mission d’information se fera forte d’apporter des réponses à ces questions, nous pouvons toutefois recommander la lecture de ces articles :

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