Canada : Quand des acteurs du marché noir du cannabis passent au circuit légal
“Tout est différent ! Il y a certaines choses que j’ai pu anticiper, d’autres non”, sourit Riley Starr. En quelques années, ce Québécois est passé d’une fabrication underground de chocolat infusé au cannabis pour ses amis… à flir, une entreprise industrielle qui souhaite vendre ses produits partout au Canada.
Abi Roach est elle aussi passée de l’autre côté. Cette habitante de Toronto a fondé le HotBoxCafé au début des années 2000. C’est “un lieu créé pour venir fumer du cannabis que l’on apporte avec soi“, un BYOB (Bring Your Own Bud) comme disent les Américains. Depuis, elle est passée… au gouvernement de l’Ontario. Cette figure du cannabis canadien travaille désormais pour l’Ontario Cannabis Store (OCS). Cet organe public possède le monopole de l’achat du cannabis auprès des producteurs, et de sa revente auprès des boutiques spécialisées.
Riley et Abi ont tous les deux pris le temps de raconter à Newsweed leur changement de vie, depuis Montréal et Toronto, où ils habitent respectivement. Comme eux, de nombreux entrepreneurs canadiens “sortent du placard” en passant du marché noir aux ventes légales, à l’image de Lot 420, producteur sous licence, ou Hilary Black, fondatrice du British Columbia Compassion Club Society en 1997, un des principaux Clubs de Compassion de Colombie-Britannique qui fournissait du cannabis aux patients, et désormais Chief Advocacy Officer (Responsable du plaidoyer) chez Canopy Growth .
“Premiers essais dans la cuisine”
En 2015, Riley Starr commence “les premiers essais dans sa cuisine”. A l’époque, le cannabis reste illégal au Canada. Mais ce Montréalais veut “développer des produits” introuvables sur le marché noir : chocolats, pâtisseries, boissons, etc. Rapidement, il commence à devenir bon. Très bon.
“Je vendais à des amis. Ils me disaient : ‘moi je te prends une vingtaine, une trentaine de tablettes de chocolat’. Ils aimaient le cannabis, mais pas la façon dont il était présenté. Ça a connu un essor extraordinaire, très rapide. J’ai commencé à vendre les produits dans des marchés semi-clandestins, bien développés à Toronto”, rembobine le cuisinier en herbe.
En 2017, deux ans après le lancement de sa petite entreprise, le Montréalais y consacre 100 % de son temps, même si son activité reste illégale. “Il y a avait des moments inquiétants, confesse-t-il. Par exemple, toutes les interactions avec la police. Je pensais toujours à ma sécurité, aux choix que je faisais.” Tout va changer le 17 octobre 2018.
Ne plus avoir à se cacher
Ce jour-là, le Canada légalise officiellement le cannabis, et autorise la vente en magasin. Riley Starr commence donc à réfléchir à rendre son activité 100 % légale. Ne plus avoir à se cacher, créer son entreprise. Le rêve. “Oh oui !”, confirme le Québécois dans un rire sincère. Mais la transition n’est pas tout-à-fait aisée.
Premier changement qui lui vient à l’esprit ? “Les contraintes règlementaires”, embraye le jeune entrepreneur. C’est sûr que dans le marché noir du cannabis, il y a peu de normes. Ensuite, “il y a les défis pratiques pour passer d’une production artisanale à une production industrielle, par exemple trouver les fournisseurs.”
Conséquence de ces ralentissements : flir, son entreprise, n’a toujours pas vu le jour. Même si elle a déjà son site internet, l’objectif est de la lancer “en fin d’année ou début d’année prochaine”. Malgré ces petits obstacles, Riley l’assure : “Je n’ai pas de regrets du tout. C’est toujours intéressant d’essayer de nouvelles choses.”
“J’ai fait ce que je voulais”
Pour Abi Roach, la transition a été largement plus facile. “J’ai vendu mon café HotBox après vingt ans, et j’ai fait ce que je voulais : un grand changement.”, apprécie celle qui est désormais Senior category manager pour l’Ontario Cannabis Store. “Aujourd’hui, j’aime vraiment mon travail. J’apprends énormément, notamment au niveau de la chaîne d’approvisionnement du cannabis.”
Autre source de satisfaction : voir des collègues emprunter le même chemin qu’elle. “Vous n’imaginez pas le nombre de fois où je suis tombée sur un producteur ou vendeur que je connaissais de l’époque avant la légalisation !”, sourit-elle depuis son bureau de Toronto. Mais tout n’est pas à jeter de cette période, au contraire. Preuve que les Canadiens la chérissent, ils l’appellent legacy market (littéralement, le marché de l’héritage) et non marché noir.
Même s’il est toujours apprécié, il est important de le quitter ce legacy market pour Abi. “Ce que la France doit avoir à l’idée, si elle légalise le cannabis un jour, c’est qu’il est très important d’emmener les acteurs du marché noir dans le marché légal. Si nous ne faisons pas cette transition, alors nous perdons la confiance des consommateurs. Quand un fumeur voit sa marque sur le présentoir d’un magasin, il y va aussi.” En conclusion, selon elle, “si nous ne faisons pas ça, la légalisation du cannabis n’aura pas atteint son objectif.”
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