Le cannabis a-t-il un effet sur la fertilité ?
Les effets du cannabis sur la fertilité est un sujet chaud. La bonne nouvelle est que le cannabis ne cause aucune dommage irréversible sur la possibilité de concevoir. Mais la mauvaise nouvelle ? Si vous avez du mal à tomber enceinte, le cannabis ne facilite pas la conception.
Fertilité masculine
S’il était impossible de concevoir un enfant après avoir fumé du cannabis, Bob Marley n’aurait pas fait (au moins) 11 enfants. Cependant, les dernières recherches reconnaissent que le cannabis peuvent affecter votre sperme.
La testostérone
Il existe beaucoup de débats autour de l’impact du cannabis sur le taux de testostérone. Lorsqu’on décide de fonder une famille, la testostérone est quelque chose à prendre en compte. Cette hormone joue un rôle majeur dans le développement du sperme. Avoir un faible taux de testostérone peut se traduire par un faible nombre de spermatozoïdes, ce qui rend la conception plus difficile.
Dans un édito publié en 1981, le New York Times remonte une étude qui décrit un effet du cannabis sur les hommes en deux phases. Pendant la première, le cannabis augmente la testostérone et les autres hormones sexuelles. Pendant la seconde, il cause une chute soudaine de la testostérone et des hormones sexuelles bien au-delà de la normale.
En utilisant des modèles animaux, Susan Dalterio de l’Université du Texas a trouvé que de hautes doses de THC causaient une augmentation rapide à 6 fois la normale du taux de testostérone pendant les 20 premières minutes après avoir fumé. A petites doses, l’augmentation de testostérone dure une heure avant les niveaux commencent à diminuer.
La baisse en testostérone observée dans l’étude de Dalterio est corroborée par des recherches en 1974 et en 1984. Ces anciens rapports montrent que le THC, et possiblement d’autres cannabinoïdes, influent sur la production d’hormones spécifiques (les hormones lutéinisante et follico-stimulante), toutes critiques pour le développement de la testostérone.
Les choses se compliquent quand l’American Journal of Epidemiology a publié l’année dernière une étude qui montre que l’usage de cannabis est associé à des taux supérieurs de testostérone et un plus faible nombre de spermatozoïdes. Cette étude avait examinée 1215 Danois de 18 à 28 ans, dont 45% consommaient du cannabis. Alors que les niveaux de testostérone étaient supérieurs chez les consommateurs de cannabis par rapport aux consommateurs de tabac, le nombre de spermatozoïdes était inférieur de 29% chez les personnes consommant du cannabis.
La testostérone étant une hormone clé dans la production de spermatozoïdes, les soudaines hausses et baisses relevées chez les fumeurs de cannabis pourraient être la cause du nombre inférieur de spermatozoïdes. D’autres études sont nécessaires pour comprendre parfaitement l’impact des cannabinoïdes sur les fonctions reproductrices.
Production de sperme
C’est sans doute une mauvaise nouvelle pour les fumeurs de cannabis de moins de 30 ans. Selon une étude publiée en 2014 dans la revue Human Reproduction, fumer régulièrement du cannabis change la taille et la forme des spermatozoïdes. Les chercheurs de l ‘Université de Sheffield ont trouvé que les chances de produire du sperme anormalement formé augmentait chez les jeunes hommes qui consomment du cannabis. La présence de spermatozoïdes anormaux peut rendre la reproduction plus difficile.
L’étude est une des plus larges à date dans la compréhension de l’impact des modes de vies sur la fertilité. 2249 hommes issus de 14 cliniques de fertilité au Royaume-Uni ont répondu à un questionnaire sur leur mode de vie. Parmi les participants, 318 hommes avaient des échantillons contenant moins de 4% de spermatozoïdes normaux.
Lorsque les chercheurs ont comparé les résultats des questionnaires correspondants aux échantillons anormaux, ils ont trouvé des choses intéressantes. Les échantillons provenant des hommes qui avaient éjaculé pendant l’été étaient deux fois plus susceptibles d’avoir un faible nombre de spermatozoïdes normaux. Et si l’homme en question avait mois de 30 ans, il avait souvent consommé du cannabis dans les 3 mois avant d’avoir fait tester ses petits soldats.
L’auteur principal de l’étude avait confié au journal The independent :
Nous avons montré que le cannabis doublait le risque pour les hommes de moins de 30 ans d’avoir un sperme pauvre. C’est un effet réel, et ça n’avait jamais été montré avant d’une telle façon.
La bonne nouvelle est que le sperme se renouvelle tous les 74 jours. Si vous cherchez à procréer et que vous n’y arrivez pas pour l’instant, laisser de côté l’herbe jusqu’à ce que votre corps génère de nouvelles troupes peut participer à mettre le maximum de chances de votre côté. Faire tester votre sperme dans une clinique est aussi un bon moyen de voir à quel point votre sperme est sain.
Fertilité féminine
La fertilité féminine est incroyablement complexe. Elle comprend à la fois la possibilité de tomber enceinte, et le petit miracle qui se joue à chaque fois qu’un autre humain grandit à l’intérieur de vous. Les processus biochimiques qui permettent à la vie de se développer sont incroyables, et le cannabis peut influencer plusieurs points.
Ovulation
Les conséquences à long-terme du cannabis sur l’ovulation doivent encore être établies. L’ovulation est déclenchée par l’augmentation en temps donné de l’hormone lutéinisante. Une étude de 2002 publiée dans le Journal of Pharmacology montre que le cannabis abaisse le taux d’hormone lutéinisante sécrétée par l’hypophyse. Le même effet est d’ailleurs observé chez les hommes.
Une des études citées dans l’annexe a testé l’impact du THC sur l’ovulation chez les singes. Les niveaux d’hormone lutéinisante diminuaient de 50 à 80%. Cela provoquait un arrêt de l’ovulation, signifiant que l’ovaire échouait à produire un oeuf.
Quelque chose d’intrigant se produisait après 3 ou 4 mois de test cependant. Alors que les singes étaient toujours traités avec du THC, l’ovulation et les menstruations sont revenus à la normale. Alors que la tolérance au THC augmentait, l’ovulation et les menstrues reprenaient. Une seconde étude examinant l’administration orale de THC chez des macaques rhésus est arrivée aux mêmes conclusions, et ces singes n’ont pas eu de difficulté à concevoir tout en étant traités.
Le Dr. Ricoardo Yazigi du Centre de fertilité Shady Grove dans le Maryland avait expliqué à Vice : « Le risque d’infertilité était plus grand parmi les femmes qui avait consommé du cannabis pendant l’année où elles tentaient de tomber enceinte, que parmi celles qui en avaient consommé dans le passé, sans rapport entre la fréquence / durée d’utilisation et l’effet. »
Mais il a aussi ajouté : « L’effet du cannabis sur l’ovulation a été mis en sourdine chez les femmes qui consomment régulièrement du cannabis par rapport à celles qui en consomment occasionnellement, peut-être parce que les consommatrices régulières sont plus tolérantes aux effets du cannabis. »
Implantation de l’embryon
Une étude de 2006 publiée dans le Journal for Clinical Investigation a montré que l’usage fréquent de cannabis était corrélé à un déplacement plus lent de l’oeuf fécondé de l’ovaire vers l’utérus chez les souris.
Le temps est très important pour un ovule fertilisé. Une fois que le spermatozoïde a fait son trou, l’oeuf fécondé a besoin de s’implanter rapidement avant qu’il ne perde de sa viabilité. Le cannabis pourrait retarder ce voyage, et l’embryon a peine formé ne serait alors pas capable de s’implanter à temps et de se fixer, ce qu’on appelle une fausse couche précoce.
L’échec pour un embryon de s’implanter à la bonne place augmente également les risques de grossesse extra-utérine. Ces grossesses sont souvent très douloureuses et risquées pour la mère.
Le système endocannabinoïde et la reproduction
Lorsque du cannabis est consommée, les composés actifs de la plante qu’on appelle cannabinoïdes interagissent avec un réseau de récepteurs cellulaires connu sous le nom de système endocannabinoïde. Le système endocannabinoïde régule une large variété de fonctions basiques du corps humain et aide à maintenir l’homéostasie, l’équilibre parfait de notre organisme contraint par l’environnement extérieur.
Les recherches ont montré que le système endocannabinoïde joue un rôle vital sur les systèmes reproductifs des hommes et des femmes. Les endocannbinoïdes et les récepteurs cannabinoïdes ont été trouvés dans le fluide séminal, aussi bien que dans les ovaires, les trompes de Fallope et dans le placenta. Des éléments comme l’anandamide, le « THC naturel » produit par le corps, peut provoquer l’ovulation lorsque ses niveaux sont élevés. Mais pour s’implanter, un embryon a besoin de niveaux faibles d’anandamide.
Le rôle du système endocannbinoïde sur la reproduction est assez complexe. Pour pouvoir créer la vie, les taux d’hormone et d’endocannabinoïde ont besoin d’être en bonne quantité au bon moment. N’importe quel dérèglement a le potentiel de gripper la machine.
Du THC dans l’utérus
Apparemment, le THC aime traîner dans les trompes de Fallope, ce qui pourrait endommager les spermatozoïdes. En effet, l’anandamide pourrait être critique pour préparer le sperme à rencontrer l’ovule. Les spermatozoïdes récemment éjaculés ne peuvent pas réussir sans contact avec les hormones féminines. Il semblerait que l’anandamide soit l’une d’elles.
Une étude de 2002 a montré que le sperme contenait des récepteurs CB1. Les recherches ont montré qu’en faible quantité, l’anandamide assurait la viabilité du sperme. A fortes doses, l’anandamide empêche le sperme de fertiliser l’oeuf. La consommation de cannabis fixe de fortes quantité de THC à ces récepteurs CB1, agissant de manière similaire à une forte concentration d’anandamide.
Le cannabis rend-il stérile ?
En quelque sorte. Mais pas de manière définitive. La consommation de cannabis peut compliquer le processus en diminuant la quantité de sperme viable chez l’homme, et en rendant plus compliqué le début de grossesse chez la femme. Chez l’homme, des niveaux faibles de spermatozoïdes peuvent exister tant qu’il fume. Alors que chez la femme, la tolérance au cannabis semble dissiper les effets initiaux du cannabis.
L’herbe semblerait donc ralentir le processus, et arrêter de fumer avant et pendant la conception semble remettre les choses d’aplomb. La liste des recherches que nous avons relevées est loin d’être complète, mais les conclusions vont globalement dans le même sens. Le cannabis n’aide pas à concevoir un enfant !
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