En Afrique du Sud, le cannabis médical est mis à rude épreuve
En Afrique du sud, le cannabis est devenu légal pour un usage privé et récréatif le 31 mars dernier suite à une décision de justice de la Haute Cour d’Afrique du Sud. Le Parlement sud-africain dispose désormais de deux ans pour mettre en place une réelle régulation autour du cannabis, ou revenir dans les limbes de la prohibition. Jusqu’à présent, le gouvernement continue de s’opposer à cette décision, et plusieurs fonctionnaires et organismes d’applications des lois du pays ont annoncé faire appel.
La production de cannabis à des échelles commerciales et sa distribution restent illégales en Afrique du Sud, et plusieurs histoires récentes font remonter le débat.
Utilisation thérapeutique du cannabis
🎥 🇿🇦 Afrique du Sud : vers une dépénalisation du cannabis ? pic.twitter.com/MYKWodhGzT
— Agence France-Presse (@afpfr) August 11, 2017
Cette jeune maman prescrit du cannabis à son fils de 7 ans atteint du syndrome de Costello, une maladie rare qui se traduit par des malformations physiques et un déficit intellectuel. Pour le soigner, elle utilise des gouttes de cannabis thérapeutique destinées à apaiser les symptômes de sa maladie. Cette mère est étonné par les bienfaits du cannabis sur son enfant. Elle affirme “À l’instant même où j’ai déposé une goutte d’huile de cannabis sur sa langue, il s’est calmé. Ça a vraiment changé notre vie. Il était désormais capable de jouer seul et ne perturbait plus les autres enfants à l’école”.
L’écart entre le gouvernement et les patients qui ont besoin de cannabis pour se soigner est majeur. Gerd Bader, 49 ans, est un producteur de cannabis. Il le transforme en huile à la demande de patients dans un lieu secret. Il confie à Euronews : “Les gens qui souffrent et meurent en ce moment même ne peuvent pas attendre deux ans que le Parlement se décide éventuellement à légaliser le cannabis. Ils en ont besoin maintenant. Je viens en aide à ceux que les médecins ont laissé tomber. Et pour ça, je suis considéré comme un criminel”. Il vend son remède clandestinement, en flacon de 2 grammes aux patients à 600 rands, ce qui équivaut à environ 40 euros.
Reportage sur BBC Afrique : Faut-il légaliser le cannabis thérapeutique en Afrique du Sud?
Le débat est controversé chez les spécialistes en Afrique du Sud. En effet, un spécialiste des politiques liées aux drogues et chercheur à l’Université de Pretoria explique que “le cannabis peut être considéré comme une alternative lorsque les médicaments traditionnels ont été inefficaces. Comme pour n’importe quelle autre substance, il peut être un remède efficace pour certaines personnes, et un poison pour d’autres”. Il reste néanmoins opposé à la prohibition actuellement menée par le gouvernement.
Zoom sur le Dagga Couple, le couple qui défie les lois du cannabis en Afrique du Sud
Myrtle Clarke and Julian Stobbs sont connus sur le nom de “Dagga Couple”, un surnom qui leur a été attribué par les médias sud-africains en août 2010, suite à leur arrestation pour possession de cannabis. “Dagga” est un argot du pays pour désigner la plante. Au coeur d’un des procès le plus importants du pays actuellement, ils se sont vus accordés une libération sous caution.
Depuis ce jour, ils luttent contre la prohibition du cannabis en Afrique. Leur procès est remonté jusqu’à la Haute Cour de Pretoria, où le Trial of the Plant (“le procès du cannabis”) statuera définitivement sur la question d’ici quelques jours.
Une bataille sans merci
Le site de crowfunding du Dagga Couple recense toute l’activité liée à l’affaire : Une pétition, les motivations du couple ou encore un compte à rebours avant la fin du Trial of the Plant. De plus, ils affirment que les lois qui interdisent la consommation de cannabis sont dues à l’apartheid qui subsistait en Afrique du Sud au début du 20ème siècle. Ils expliquent également que l’interdiction favorise le crime organisé, comme c’est le cas dans plusieurs pays. Enfin, ils rappellent le droit à se soigner librement. “Nous sommes des individus en bonne santé et nous croyons en l’utilisation quotidienne du cannabis thérapeutique, qui contribue à renforcer notre système immunitaire. Le cannabis médical a été utilisé comme traitement pendant des milliers d’années” relatent-ils.
Ainsi, ils déclarent aujourd’hui posséder une liste de témoins experts du monde entier, notamment des sociologues, des criminologues ou encore des toxicologues qui souhaitent se rendre en Afrique du Sud et témoigner avec eux devant le tribunal.
“Une fois que la Cour Constitutionnelle aura déclaré les lois sur cannabis comme inoffensives, nous avons l’intentions de nous rendre à la Cour Internationale des Droits de l’Homme et dire devant tous les gouvernements du monde que le cannabis ne devra plus jamais être jugé au tribunal, où que ce soit dans le monde” affirment Myrtle Clarke et Julian Stobbs.
A noter que si le pays venait à réguler la consommation et la vente de cannabis, il serait alors le premier pays africain à complètement légaliser la plante.
Mehdi Bautier
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