Québec: les petits producteurs de cannabis comme solution à la pénurie
Les pénuries de cannabis légal canadien posent un certain nombre de questions quant à la pertinence de l’actuel modèle de production. La grande majorité d’entre elles ne sont pas uniquement dues à une demande excessive ou sous-estimée mais à des retards de production et de livraison sur lesquels les grands producteurs ne souhaitent, en général, pas s’exprimer. Dans tous les cas, elles ne sont pas prêtes d’être résolues. Selon le nouveau patron de la Société québécoise du cannabis, elles risquent même de s’aggraver, au moins jusqu’au printemps.
La SQDC avait commandé 9 tonnes de cannabis pour le premier trimestre de la légalisation, elle n’en a reçu que 400 kilos, soit seulement 4% de sa commande. La production est pour l’instant partagée entre cinq producteurs fédéraux (ils étaient six mais l’un deux a été racheté par un concurrent), dont Hexo, producteur québécois qui prend en charge un tiers de l’approvisionnement.
Pour faire face à ces pénuries, les solutions existent. Le Parti politique québécois Bloc Pot s’oppose ainsi à cet “oligopole fédéral de production du cannabis légal” et cherche à encourager la participation des petits producteurs à l’industrie.
Le parti
Bloc Pot n’est pas satisfait de la façon dont le cannabis a été légalisé au Canada. Le parti dénonce un système qui favorise les mega-compagnies au détriment d’initiatives plus écologiques, locales et éthiques. Il met en garde contre la privatisation du vivant avec les pratiques de brevetage de la génétique des plantes. “La légalisation, ce n’est qu’un mot qui peut signifier tout et son contraire dépendamment du contexte et de son interlocuteur” peut-on lire sur un post du site du Parti signé Hugô St-Onge. “Notre légalisation se veut inclusive, équitable et cohérente”.
Le parti s’inspire du modèle désormais bien implanté au Québec des micro-brasseries. Le gouvernement a le monopole des ventes d’alcools forts en magasin mais les producteurs peuvent commercialiser des boissons faiblement alcoolisées en épicerie ou en grande surface. Il n’existe pas vraiment de distinction légale entre les grands brasseurs et les micro-brasseurs mais on les distingue souvent en fonction du volume de production et surtout du type de permis : les fabricants industriels ont le droit de commercialiser leur produit en magasin alors que les producteurs artisanaux peuvent seulement créer des salles de dégustation à même le lieu de production.
Depuis que le gouvernement a réduit les taxes sur l’alcool pour les petits producteurs, les micro-brasseries se sont multipliées et ont dynamisé l’économie locale. C’est un modèle similaire, axé sur de petits producteurs locaux, que revendique le parti pour le cannabis. D’autant plus que l’apport des petits producteurs pourraient solutionner les problèmes de pénuries de cannabis que rencontre aujourd’hui le Canada.
L’Union
Le parti a récemment crée l’Union des producteurs indépendants de cannabis du Québec, une organisation qui vise à regrouper d’autres types de producteurs que les grands producteurs industriels ayant une autorisation de commerce. Ceux-ci sont accrédités par Santé Canada et possèdent déjà des permis de production mais pas de vente. Il s’agit de personnes bénéficiaires d’une prescription de cannabis qui ont le droit de cultiver leurs plantes mais qui sont engagées à détruire leur surplus et de micro-producteurs, un statut encore mal défini qui autorise la vente intra-industrie mais pas les ventes directes ni les ventes aux détaillants.
L’objectif de l’Union est donc de regrouper ce type de producteurs – ils sont environ 15 000 au Québec dont 5 000 avec une capacité de production assez large – pour candidater ensemble, en tant qu’Union, à l’obtention d’un permis de vente. L’Union récupérerait la partie de la production destinée à la vente et s’assurerait de la qualité et du respect des normes avant de la vendre à la SDQC. Elle offre aux producteurs des services de vente, d’emballage, de transformation, de laboratoire et d’achats groupés. Elle se fera également leur représentant face au gouvernement et permettra de promouvoir un système plus équitable avec une participation des petits et moyens producteurs.
L’objectif est d’établir un partenariat gagnant-gagnant puisque leurs apports peuvent permettre de combler les manques du système actuel et d’empêcher que les consommateurs se tournent de nouveau vers le marché noir.
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