Le marché jamaïcain du cannabis médical profitera-t-il à tous ?
Le gouvernement jamaïcain compte récupérer 20 milliards de dollars par an grâce à sa filière légale de cannabis “made in Jamaica”. Pourtant ce marché de l’or vert semble réservé à un petit groupe de cultivateurs. Sur les 180 000 agriculteurs déclarés, seuls 25 ont reçu une licence pour cultiver du cannabis thérapeutique.
Les craintes des cultivateurs
Selon Simon Jones du Writtle University College : ” Un grand nombre de petits agriculteurs sont sceptiques sur les déclarations politiques qui promettent des profits pour tous. Les gens ont peur que cette industrie s’exporte et soit revendue aussi chère sur le territoire jamaïcain.”
Pour chaque acre (4046 mètres carrés) de culture légale de cannabis, le cultivateur doit payer 300$ de frais de dossier, en plus d’une licence annuelle de 2000$. A cela s’ajoute la modernisation des infrastructures actuelles pour respecter les critères d’hygiène et la sécurisation du site qui peuvent coûter jusqu’à 10 000$.
Selon The Guardian, les associations d’agriculteurs, de rastafari et d’herboristes se sont mobilisées pour faire bouger les lignes. Basil Hylton, président d’une de ces associations, évoque la perception générale de la situation : ” Ce sont les puissants qui en profitent, et cela cause un sérieux problème en Jamaïque. Ils veulent copier le système américain et l’utiliser en Jamaïque, et c’est pour ça que les vrais cultivateurs de “ganja” ne font pas partie des démarches. On ne peut pas planter n’importe quoi et dire que c’est pour un usage médicinal : cela doit être standardisé, et les coûts sont au centre des questions.”
Sur les 2000 fermiers de l’association d’Hyton, aucun n’a paraphé de contrat avec le gouvernement. ” Pour avoir un contrat, il vous faut des titres de propriétés, un accès au capital et encore une fois les coûts sont prohibitifs. Je crois que le gouvernement commence a se rendre compte du problème”.
Se réunir pour exploiter les licences à plusieurs
Les cultivateurs de Ganja tentent une nouvelle approche, le regroupement : ” On a créé un groupe pour une demande de licence. Aucun d’entre nous ne veux être hors la loi. Mais pour un petit agriculteur comme moi, les coûts sont insurmontables tout seul. De plus, le gouvernement n’aide pas à la modernisation de nos cultures. Où achète-t-on les clôtures ? Qui assurera le transport de nos récoltes ? Et surtout, à qui les vendrons-nous ?” s’interroge Hylton.
Dans sa révolte, il s’en prend également aux entreprises étrangères : ” Les Américains, les Canadiens veulent s’installer ici. Ensuite ils recruteront les petits agriculteurs payés au salaire minimum. Les gens ne veulent pas de ça, il veulent vivre heureux et indépendants.”
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