[INTERVIEW] Booba lance sa marque de cannabis : “Tous mes business tournent autour de mon art”

Le Duc de Boulogne continue son immersion dans le domaine du cannabis. Booba lance désormais ses produits finis avec sa marque PRT LAB, au THC sur les marchés autorisés, au CBD ailleurs. Interview entre Miami, la France et l’Espagne.

Ton incursion dans l’industrie du cannabis est-elle vraiment une surprise ? Qu’est-ce qui t’a poussé à t’engager dans ce domaine ?

Booba : Ce n’était pas vraiment une vocation mais j’ai toujours fait mes business par rapport à mon art, à ma culture hip-hop. J’ai toujours saisi les opportunités que j’avais. Le hip-hop, ça regroupe plein de choses. Y’a les vêtements, bien sûr, il y a un lifestyle. En fait, moi, je me suis toujours permis et je me suis toujours senti légitime de faire tout ce qui tournait autour de mon art. La weed, ça fait partie de ma vie. Quand j’ai vu que l’Allemagne légalisait, je me suis dit que ça commence à bouger. J’ai contacté Julien de TH Seeds, que je connais depuis 30 ans. Ca faisait longtemps qu’il m’avait proposé de faire un truc avec nous. Et c’est comme ça que c’est parti.

Peux-tu nous en dire plus sur tes nouveaux produits et sur ce qui les distingue des autres produits disponibles sur le marché ?

Julien TH Seeds : Sur nos produits qui seront disponibles en France, on ne fait appel qu’à des producteurs français sur des petits batchs faits par des petits artisans comme les Jardins de Julien. On a effectué en amont une sélection drastique de variétés CBD et j’ai lancé Julien dessus, avec une production en intérieur en environnement contrôlé. Les premiers batchs sont déjà arrivés et c’est des produits vraiment exclusifs, un gage de qualité pour les clients.

Pour les produits dérivés, c’est pareil. Pour les vapes, on travaille avec un distillat à 85% de cannabinoïdes et des terpènes issus du cannabis. Ce sera vraiment un produit haut de gamme et de qualité, avec un matériel qui vient de chez Ccell.

Et sur les goûts, Booba, est-ce que tu as pu choisir ? Est-ce que tu avais des demandes ?

Booba : Moi je connaissais déjà les travaux de Julien [de TH Seeds] et donc, tout ce qu’on sent avec ses variétés m’ont servi de repère.

Julien TH Seeds : Sur des variétés CBD, il y a moins à travailler au niveau génétique. Mais on s’est quand même pris la tête à sélectionner des choses que Booba voulait, avec les goûts qu’il voulait, les indications qu’il nous a données. Et pour les vapes, c’est pareil. Il a donné les goûts que lui préférait avoir et ce qui collerait bien mieux forcément à lui et à sa personnalité. Si lui ne représente pas le produit, ça n’arrivera à rien.

Visez-vous également certains marchés avec des produits THC ?

Julien TH Seeds : Oui, pour les variétés THC, c’est vraiment lui aussi qui m’a guidé par rapport à ce que moi je voulais, de comment la plante elle pousse, comment elle est, et l’effet qu’elle donne, et les fleurs finales qu’on aura.

Booba : Et moi, je ne voulais pas faire que de la beuh qui t’éteint le cerveau, tu vois. Donc, je voulais en faire pour tout le monde. Mais ce qui nous intéresse, ce n’est pas que la défonce. Moi j’aime bien fumer, mais j’aime bien rester actif. Je suis un businessman. J’ai une famille. Je fais beaucoup de sport. Je veux pouvoir rester actif.

Julien TH Seeds : Donc on a fait 3 variétés avec des effets différents pour chaque moment de la journée. On a la Game Over qui t’éteint. Mais la Mona Lisa est très bien pour la journée. Et la 7G est une très bonne beuh, c’est de la Neville Haze Banana Runtz. Et voilà, c’est vraiment sucré, hazy. Ça te permet vraiment juste de fumer quelque chose de bon et qui te laisse bien concentré. Ça te donne de la patate.

Booba : Ça me fait penser, comme je t’ai dit, tous mes business tournent autour de mon art. J’ai fait pas mal de marques de vêtements et la toute première que j’ai fait, elle s’appelait Haze Project en rapport avec la Purple Haze. Il y a une continuité finalement.

Est-ce que pour le sport, la weed, ça t’aide ?

Booba : Je pense que ça dépend des gens. Certains font du sport pour compenser la fume. Moi je fais du sport et l’utilise plutôt pour la récupération. Comme beaucoup de boxeurs et de combattants UFC. Ils fument tous après les entraînements pour la récupération musculaire, pour les douleurs musculaires, et pour tout ça, ça les aide grave.

Est-ce que vous avez déjà eu des difficultés pour commercialiser vos produits ?

Julien TH Seeds : Non, pour l’instant, ça se passe comme n’importe quelle boite, pour les immatriculations, pour récupérer un compte en banque qui accepte les paiements en carte bleue sur les sites internet, c’est juste ça qui est un petit peu plus galère, et qui est un peu plus long. La notoriété de Booba aide un peu.

Pourquoi tu as choisi Berlin pour le lancement de ta gamme, et qu’est-ce que tu attends de ta présence là-bas et du festival ?

Booba : On a choisi Berlin parce que le pays vient de légaliser, donc on va pouvoir montrer tous mes produits. Et niveau timing, ça en fait presque la première date de ma tournée. De ce que j’ai compris, la Mary Jane, c’est un gros salon, comme on était prêts, on était en plein charbon, on s’est dit allez hop.

Julien TH Seeds : Le salon Mary Jane va devenir le plus gros salon d’Europe avec la légalisation en Allemagne, ça va nous permettre de traiter directement avec nos collaborateurs, de développer les variétés qu’on va faire pour le marché allemand. Et on peut consommer légalement partout, alors qu’en Espagne, c’est plus limité.

Et il y a aura une continuité dans les festivals de musique autour de ta gamme CBD ?

Booba : Oui, forcément on va distribuer des goodies et profiter de ma présence pour mettre en avant la marque. On va distribuer du CBDeeyyyyy, on va faire goûter des pré-rouleyyyy (rires).

En tant que personnalité publique, comptes-tu utiliser ta voix en faveur d’une légalisation du cannabis en France ?

Booba : Non, moi je ne veux pas rentrer là-dedans. Je ne vais pas militer pour la légalisation du cannabis, je vais les laisser faire ce qu’ils veulent, je ne veux pas entrer dans la politique. Comme Alice Belaïdi. Les gens savent ce qu’elle fait mais elle ne veut pas du tout en parler. Elle est bien intelligente de faire ça.

Est-ce que tu as en tête des célébrités qui ont développé leur marque au Canada ou aux Etats-Unis ? Est-ce que tu as déjà testé leurs produits ?

Booba : Oui je connais la marque de Mike Tyson, Cookies aussi. Et en variétés très connues, j’ai goûté la Zkittlez.

Est-ce que vivre en Floride a changé ton approche de la musique ou ton business ?

Booba : Non, pas vraiment. Et par rapport à la weed, c’est plutôt tranquille ici. Ca pue pas la beuh comme quand tu sors de l’aéroport de Los Angeles.

Au-delà du business, c’est quoi l’enjeu d’avoir ta marque de cannabis ?

Booba : Déjà, moi, je me suis associé, si je ne connaissais pas Julien, je ne me serais pas lancé dans ce business. Ca ne m’intéresse pas de faire pour faire, et de juste vendre de la weed si je ne sais pas ce que je vends. On le fait parce qu’on a la prétention de savoir le faire, de bien faire notre boulot, que chaque produit est de qualité. Ca rentre vraiment dans mon univers, tout est millimétré, bien fait. Ca a aussi un rapport avec mon art. La Game Over, c’est un de mes titres. La Floki en CBD, c’est un personnage de la série Viking, une de mes séries préférées. La 7G, c’est la suite de 6G, on est déjà dans la futur. Et Julien a déjà gagné des prix avec nos variétés.

Julien TH Seeds : Quand il m’a demandé, il m’a dit : “Avec les variétés qu’on a faites, est-ce que tu peux participer aux coupes, comme tu faisais avant ?” La Spannabis, on pouvait pas parce que j’étais juge. Pour l’année prochaine, je vais arrêter d’ailleurs pour pouvoir présenter nos variétés. Mais on a commencé cette année avec l’IC 420 Cup en catégories Fleurs et Breeder. On a fait premier avec la Game Over, troisième avec la 7G, et deuxième en Breeder avec la Mona Lisa.

Booba : Ca a confirmé qu’on avait bien choisi, bien bossé, et qu’on est très bons. Et moi, j’aime bien la compétition, donc ça m’amuse de rentrer là-dedans, et en plus, de gagner des coupes ! Mêmes des coupes japonaises si on peut !

Julien TH Seeds : Ce serait lourd qu’on arrive à faire un top 3 à l’Emerald Cup. C’est une des seules que j’ai pas avec l’Ego Clash. J’ai confiance pour l’année prochaine d’y arriver.