Début aujourd’hui de l’expérimentation du cannabis thérapeutique en France
C’est un scénario à la “Mauricette”. Comme pour le lancement de la campagne de vaccination contre le Covid-19, le début de l’expérimentation du cannabis thérapeutique est fortement médiatisé. Olivier Véran se déplace aujourd’hui au CHU de Clermont-Ferrand pour assister à la toute première prescription de cannabis en France. Mais, comme pour la vaccination, ce départ est symbolique, destiné aux caméras.
“Enfin !, se réjouit Nicolas Authier, psychiatre, et pilote de cette expérimentation, joint ce vendredi par Newsweed. Je suis très heureux pour les patients. Avant, on était dans la théorie, maintenant on va tous découvrir la mise en œuvre en temps réel. Ça va se faire avec prudence” C’est lui qui accueillera ce vendredi à 14 heures, le ministre de la Santé dans son service hospitalier, pour une “première prescription symbolique”.
Devant les journalistes, les participants au projet veulent rassurer. “Tout a été fait pour que l’expérimentation soit la plus sécurisée possible, à tous les niveaux, appuie Nathalie Richard, directrice du projet cannabis médical à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Les médicaments utilisés dans cette expérimentation ont été sélectionnés par l’ANSM, avec un cahier des charges très strict, équivalent à un dossier de mise sur le marché.”
Retards en cascades, médecins pas formés et vaporisateurs manquants
Au départ, le projet devait débuter… fin 2019. Mais il a souffert de retards en cascade et d’un désintérêt, voire d’une résistance, de la part des autorités de santé. D’abord, les protagonistes mettent en avant les “grèves” et repoussent le top départ à janvier 2021. A l’époque, une tribune publiée dans Le Parisien intime même les pouvoirs publics de se dépêcher. “Ça fait partie du jeu avec le politique. Surtout dans un moment où le covid prenait beaucoup de place”, rembobine Nicolas Authier, premier signataire de ce texte. Les députés alarment à leur tour. Dans un rapport, ils dénoncent un “retard préoccupant”. Finalement, la date du 31 mars 2021 sera la bonne, imposée par décret, pour un lancement coûte que coûte.
Maintenant que l’expérimentation débute officiellement, “ça va se mettre en place progressivement”, annonce d’emblée M. Authier. Principal risque de lenteur : la formation des professionnels de santé. Avant de prendre leur stylo pour écrire une ordonnance de cannabis médical, les blouses blanches devront obligatoirement assister à un cours de 2h30, dispensé en ligne par l’ANSM. Pas évident, dans un contexte de covid-19 et de vaccination. “Les médecins sont habitués à traiter plusieurs sujets en même temps. Est-ce qu’on est formés ? Non. On a besoin d’informations. Mais on va la trouver, je pense“, estime Jacques Battistoni, président du syndicat de médecins généralistes MG France, joint par Newsweed.
Autre retard : celui des fleurs séchées de cannabis. L’ANSM vient à peine de lancer un appel d’offres pour trouver un fournisseur de vaporisateur, le 15 mars. En effet, les 3000 patients ont interdiction de fumer les fleurs dans un joint, par exemple. Seules une prise par huile, ou par vaporisation est possible dans l’expérimentation. Conséquence : les prescriptions de fleurs médicales ne pourront pas débuter avant le mois de juin.
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