Malaisie : abolition de la peine de mort, notamment pour les crimes liés au cannabis
Muhammad Lukman Bin Mohamad, jeune malaisien de 29 ans condamné à mort pour avoir distribué de l’huile de cannabis à des malades atteints de cancer ou d’autres maladies incurables, est en train de faire bouger les lignes en Malaisie. Sa condamnation a tout d’abord suscité un vif mécontentement au sein de l’opinion publique, poussant la justice à provisoirement suspendre sa peine. Le gouvernement s’interroge également sur une éventuelle légalisation du cannabis médical. Et le pays vient d’annoncer la suspension prochaine de la peine de mort pour tous les crimes.
Une révision de la peine de mort
En Malaisie, certains crimes sont automatiquement sanctionnés par la peine de mort : les meurtres, le trafic de drogue, la trahison ou la rébellion contre le roi. Cependant, le nouveau gouvernement malaisien élu en mai dernier avait fait campagne pour la révision de certaines lois ayant trait à la sécurité nationale et considérées comme d’un autre temps. Parmi ces lois, le Dangerous Drugs Act, qui prévoyait la peine de mort pour les trafiquants, mais aussi le Sedition Act, utilisé par le précédent gouvernement pour faire taire les opposants politiques, et le Printing Presses and Publications Act qui permet l’exercice gouvernemental de la censure.
Le cas de Muhammad a largement accéléré les procédures. A la suite de sa condamnation, une pétition a rassemblé 45 000 signatures pour demander au procureur général de réviser la sentence et même le premier ministre du pays Mahathir Mohamad a déclaré qu’une révision du procès devait avoir lieu. Récemment, le ministre de la loi Datuk Liew Vui Keong a annoncé que l’élaboration des documents pour la révision de la loi était presque terminée et que le procureur général avait donné son accord pour sa programmation à la prochaine session parlementaire qui a commencée le 15 Octobre. En attendant, les peines de mort sont suspendues.
Il semble donc que ce soit la fin de la peine de mort en Malaisie, une initiative saluée par Amnesty Internationale et toutes les ONG de défense des droits de l’homme. « Toutes les peines de morts seront abolies. C’est fini » a déclaré le ministre de la loi. Le Conseil du Pardon sera chargé de réviser les sentences des condamnés à mort pour les transformer ou simplement libérer les accusés.
Le cas de Muhammad Lukman n’est pas isolé et plus tôt dans l’année, sous l’ancien gouvernement, Amiruddin Nadarajan Abdullah surnommé Docteur Ganja pour avoir vendu des edibles à plus de 800 patients s’était vu condamné à quelques 36 charges par trois tribunaux différents et allait probablement être condamné à mort sous les lois actuelles.
Un débat autour du cannabis médical
Le cas de Muhammad a également provoqué un débat autour de l’usage thérapeutique du cannabis. Plus tôt dans le mois, le ministre de l’Eau, de la Terre et des ressources naturelles, Dr Xavier Jayakumar, a affirmé que le sujet avait été abordé lors de la précédente réunion du cabinet gouvernemental. Il s’était personnellement déclaré pour une régulation du cannabis médical.
Jeudi dernier, un député du Parti de la Justice et du Peuple, Jason Ong Khan Lee, a également déclaré que le gouvernement devrait considérer la légalisation du cannabis thérapeutique, en particulier pour les malades du cancer. Il a rapporté que la Société Nationale du Cancer estimait à un quart de la population des plus de 75 ans les personnes atteintes de cancer. Selon lui, certains principes actifs du cannabis sont efficaces pour soulager les effets secondaires du cancer ou de sa thérapie, c’est en effet un usage courant du cannabis thérapeutique.
Il prend pour exemple les pays occidentaux qui ont légalisé mais conseille cependant de conduire des études, à l’image du voisin thaïlandais, et de ne pas presser les choses : « Il est vrai que la Malaisie ne devrait pas être trop en retard mais nous devons aussi procéder avec attention et nous assurer que les changements soient faits en accord avec le contexte malaisien » a-t-il déclaré.
Selon lui, la première étape devrait être la décriminalisation du cannabis car la régulation prendra du temps et, pour l’instant, les patients se fournissent auprès de sources non régulées. “Nous devrions au moins reclassé le cannabis pour le rendre légal mais d’usage contrôlé” a-t-il déclaré. C’est également l’avis du ministre de l’Eau, de la Terre et des ressources naturelles. Il suggère également de réviser les verdicts des cas associés à la criminalisation du cannabis et ajoute: “Puisque la légalisation est grandement possible dans le futur, nous devrions commencer par montrer de la compassion et de l’humanité envers Muhammad Lukman car il mérite clémence”.
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