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La France a oublié son âge d’or du cannabis médical

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Cannabis médical en France

David A. Guba, Jr. est Professeur et historien du cannabis dans la France moderne.

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L’été dernier, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a donné son feu vert à une expérimentation du cannabis médical, illégal depuis 1953.

Nombreux sont ceux qui ont salué cette initiative, qui constitue un premier pas important vers une réglementation rationnelle du cannabis et axée sur la santé publique. L’ANSM a également salué un effort visant à récolter «les premières données françaises sur l’efficacité et la sécurité» du cannabis pour des traitements médicaux.

Tout cela est bien. Cependant, en ce qui concerne le cannabis, une amnésie historique semble frapper la médecine française. Cette expérimentation ne sera par la première à produire des données scientifiques sur le cannabis médical en France. Loin de là.

«Un médicament à ne pas négliger»

Au cours de mes recherches sur l’histoire des substances intoxicantes dans la France moderne, j’ai découvert qu’au milieu du XIXe siècle, Paris fonctionnait comme l’épicentre d’un mouvement international visant à médicaliser le haschisch, une substance intoxicante fabriquée à partir de la résine pressée de plantes de cannabis.

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De nombreux pharmaciens et médecins travaillant alors en France pensaient que le haschisch était une substance intoxicante dangereuse et exotique de «l’Orient», le monde arabo-musulman, qui pouvait être apprivoisée par la science et utilisée de manière sûre contre les maladies les plus effrayantes de l’époque.

À partir de la fin des années 1830, ils préparèrent et vendirent des produits comestibles, des pastilles et des teintures à base de haschisch (de l’alcool infusé au hash), et même des «cigarettes médicinales» pour le traitement de l’asthme dans les pharmacies du pays.

Au cours des années 1840 et 1850, des dizaines de pharmaciens français ont misé leur carrière sur le haschisch, publiant des mémoires, des monographies et des articles dans des revues à comité de lecture sur ses avantages médicinaux et scientifiques.

L’épidémiologiste français Louis-Rémy Aubert-Roche a publié un traité en 1840 dans lequel il expliquait le haschisch, administré comme un petit aliment appelé «dawamesk» pris avec du café, qui a guéri avec succès la peste chez sept des 11 patients traités dans les hôpitaux d’Alexandrie et du Caire au cours de l’épidémie de 1834-1835. Anti-contagioniste dans une époque où les germes n’avaient pas encore été découverts, Aubert-Roche, comme la plupart des médecins à l’époque, était convaincu que la peste était une maladie non transmissible du système nerveux central qui se propageait chez l’homme par le biais d’un «miasme» ou d’un mauvais air dans des zones non hygiéniques et mal ventilées.

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Aubert-Roche croyait donc, en confondant soulagement des symptômes et chance de guérison, que l’intoxication au haschisch excitait le système nerveux central et contrecarrait les effets de la peste. “La peste, écrit-il, est une maladie des nerfs. Le haschisch, une substance agissant sur le système nerveux, m’a donné les meilleurs résultats. Je crois donc que c’est un médicament à ne pas négliger.”

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Le médecin Jacques-Joseph Moreau de Tours, organisateur du célèbre Club des Hachichins à Paris dans les années 1840, a également proclamé le dawamesk médicament miracle homéopathique pour le traitement des maladies mentales. Moreau croyait que la folie était causée par des lésions au cerveau. Et également convaincu que le haschisch contrecarrait les effets.

Moreau rapporte dans son ouvrage de 1845, «Du Hachisch et l’aliénation mentale», qu’il avait soigné sept patients souffrant de maladie mentale à l’Hôpital Bicêtre, dans le centre de Paris, avec du haschisch. Moreau n’était pas totalement à côté de la plaque : aujourd’hui, les médicaments à base de cannabis sont prescrits pour la dépression, l’anxiété, le SSPT et les troubles bipolaires.

Malgré la petite taille de l’échantillon, des médecins des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Italie ont publié des comptes rendus favorables des travaux de Moreau sur le haschisch à la fin des années 1840 et au cours des années 1850. Cette découverte a même été qualifiée “d’une grande importance pour le monde civilisé“.

La Guerre des teintures

Bien que les médecins français et étrangers aient décrit le dawamesk comme un remède miracle, ils se sont également plaints de l’incapacité de standardiser les doses en raison de la variation de la puissance des différentes plantes de cannabis. Ils ont également écrit sur les défis posés par l’altération du dawamesk, qui était exporté d’Afrique du Nord et souvent associé à d’autres extraits de plantes psychoactives.

Au début des années 1830, plusieurs médecins et pharmaciens de l’Empire britannique tentèrent de résoudre ces problèmes en dissolvant du haschisch dans de l’alcool afin de produire une teinture. Au milieu de la décennie, les praticiens français ont emboîté le pas. Ils ont développé et commercialisé leurs propres teintures de haschisch pour les patients français. Edmond de Courtive, un pharmacien parisien, avait par exemple appelé sa préparation «Hachischine» d’après les célèbres assassins musulmans souvent associés au haschisch dans la culture française.

La popularité de la teinture de haschisch a rapidement augmenté en France à la fin des années 1840, atteignant son apogée en 1848. C’est alors que le pharmacien Joseph-Bernard Gastinel et Edmond De Courtive se sont engagés dans une bataille juridique autour d’un brevet, connu alors sous le nom de «droit de priorité»,  pour fabriquer la teinture selon une méthode de distillation particulière. «L’Affaire Gastinel», comme l’appelait la presse, a provoqué un tollé dans les milieux médicaux français et a occupé les pages des journaux et des revues parisiennes pendant une bonne partie de cet automne.

Pour défendre son brevet, Gastinel a envoyé deux collègues plaider sa cause devant l’Académie de médecine en octobre 1848. L’un des médecins, Willemin, affirmait que Gastinel avait non seulement conçu la méthode de distillation de la teinture en question, mais que sa teinture permettait de guérir le choléra, considéré alors comme une maladie des nerfs.

Bien que Willemin n’ait pas pu convaincre l’Académie du droit de priorité de Gastinel, il a néanmoins convaincu les médecins parisiens d’adopter la teinture de haschisch comme traitement contre le choléra.

Les médecins parisiens n’ont pas tardé à tester la théorie de Willemin. Une épidémie de choléra a éclaté dans la banlieue de la ville quelques mois plus tard. Mais lorsque la teinture de haschisch n’a pas réussi à guérir les quelque 7 000 Parisiens tués par la «mort bleue», les médecins ont eu de moins en moins confiance dans le médicament miracle.

Au cours des décennies suivantes, la teinture de haschisch est tombée dans le discrédit : les théories médicales anti-contagionistes qui sous-tendaient l’utilisation du médicament contre la peste et le choléra ont cédé le pas à la théorie des germes et ont permis une nouvelle compréhension des maladies épidémiques et de leur traitement. Au cours de la même période, les médecins algériens français ont de plus en plus souligné que l’utilisation du haschisch était une cause clé de la folie et de la criminalité chez les musulmans autochtones, un diagnostic qu’ils ont qualifié de «folie haschischique» ou psychose induite par le haschisch. Annoncé comme un médicament miracle quelques décennies auparavant, le médicament devient à la fin du 19ème siècle un «poison oriental».

Leçons pour aujourd’hui

Ces précédentes tentatives de médicaliser le haschisch en France au XIXe siècle offrent aux médecins, aux responsables de la santé publique et aux décideurs politiques plusieurs informations importantes alors qu’ils s’efforcent de mettre à nouveau des médicaments à base de cannabis sur le marché français.

Premièrement, ils doivent travailler à dissocier les substances intoxicantes et les médicaments à base de cannabis des notions coloniales d’origine «orientale» et de violence musulmane, qui ont ironiquement sous-tendu la montée et la chute du haschisch en tant que médicament en France au XIXe siècle. Comme la spécialiste Dorothy Roberts l’a astucieusement expliqué dans son discours TED 2015, «la médecine raciale est un mauvaise médecine, une science médiocre et une fausse interprétation de l’humanité».

Les médecins et les patients doivent également avoir des attentes raisonnables envers les bienfaits du cannabis médical, et ne pas sur-promettre pour ensuite obtenir des résultats médiocres, comme ce fut le cas avec l’hachichine lors de l’épidémie de choléra de 1848-1849.

Et ils doivent garder à l’esprit que les connaissances médicales se développent progressivement et que faire reposer les vertus médicales du cannabis sur des théories contestées pourrait finalement réduire ses chances de succès, comme ce fut le cas avec le haschisch après l’obsolescence de l’anti-contagionisme dans les années 1860.

Mais si la France s’engageait dans son passé colonial, réformait ses politiques prohibitionnistes et laisser une place à l’expérimentation du cannabis médical, elle pourrait peut-être redevenir un leader mondial de ce nouveau mouvement du cannabis médical.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lisez l’article original ici.
The Conversation

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