Addiction

Cannabis et alcoolisme : un moyen de décrocher ?

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L’utilisation du cannabis médical comme thérapie pour les personnes souffrant d’addiction à l’alcool est rarement discutée. Des maladies comme le cancer, l’arthrite, la dystrophie musculaire ou la maladie de Crohn captent, avec raison, l’essentiel de l’attention des débats autour de l’efficacité du cannabis et l’accès aux patients. Le cannabis peut-il cependant aider à se sortir de l’alcool ?

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L’addiction : la clé pour se tourner vers le cannabis

La plus grande controverse sur l’efficacité de traiter les alcooliques avec du cannabis repose sur la perception de l’herbe comme substance addictive. Pour certains, passer de l’alcool au cannabis peut être uniquement une façon d’aller d’une addiction à une autre. Les études ont montré que le cannabis était peu addictif (environ 10% des personnes), surtout dû à une habitude plutôt qu’une addiction physique, sans aucun symptôme de retrait, contrairement aux opiacés et à l’alcool.

Arrêter trop vite l’alcool peut mener le malade à des crises de retrait, des arythmies cardiaques, des hallucinations, des tremblements, etc… Si la personne n’est pas suivie, ces symptômes peuvent mener au décès.

Le cannabis, au contraire, ne déclenche pas d’addiction physique et ne connaît pas de dose létale. Sa consommation peut être stoppée du jour au lendemain sans danger physique, et un pays de fumeurs connaîtrait certainement moins de violence domestique qu’un pays de buveurs.

Problèmes de santé

Alors que les clichés du drogué continuent de suivre les fumeurs réguliers de cannabis, il est clair que les consommateurs de cannabis évitent les dommages de l’alcool sur leur corps (dommages au foie, ulcères et problèmes gastro-intestinaux, maladies cardiaques, etc…). Les propriétés thérapeutiques du cannabis peuvent également aider les fumeurs à prévenir certaines maladies.

Les premières études du Colorado montrent que la légalisation entraîne une diminution de la consommation chez les adolescents, moins de crime liés au cannabis et moins d’accidents de la route.

Etudes scientifiques

Le Dr Tod Mikuriya était un fervent défenseur du cannabis médical pour une variété d’applications thérapeutiques, dont le traitement de l’alcoolisme. Mikuriya a publié en 2004 une étude impliquant 92 patients, à qui on avait tous prescrit du cannabis pour traiter leur dépendance à l’alcool. Mikuriya rapportait :

“Comme attendu par les patients qui recherchent l’accord d’un médecin pour traiter l’alcoolisme avec du cannabis, tous les participants ont trouvé le traitement “très efficace” (45) et “efficace” (38). L’efficacité a été remontée à travers d’autres réponses dans sept questionnaires.”

Le rapport continue :

“9 patients ont arrêté l’alcool pendant plus d’un an, certains pendant presque 19 ans”.

Beaucoup de patients impliqués dans l’étude ont ressenti les symptômes de la dépendance à l’alcool après l’arrêt du cannabis. 29 des patients de l’étude utilisaient l’alcool pour soulager leurs douleurs, et se sont tous tournés vers le cannabis.

Une part signifiante des participants à l’étude, 44, buvaient pour traiter leur stress, l’anxiété ou la dépression, certains même pour soulager un syndrome post-traumatique. Les 44 ont substitué avec succès leur consommation d’alcool à celle du cannabis pour soulager leurs affections psychologiques.

Une autre étude publiée en 2009 dans le Harm Reduction Journal et conduite à l’Université de Californie à Berkeley recommande le cannabis comme substitut à l’alcool pour le traitement de l’alcoolisme. L’étude sondait 350 utilisateurs de cannabis, montrant que 40% utilisait l’herbe pour contrôler leur consommation d’alcool et 66% pour remplacer les médicaments prescrits par ordonnance. 26% consommaient également du cannabis comme substitut à des drogues plus lourdes comme la cocaïne ou l’héroïne.

Cette étude a été menée par Amanda Reiman, qui a déclaré :

“Substituer le cannabis à l’alcool a été décrit comme un protocole radical de traitement de l’alcoolisme. Cette approche pourrait être utilisée pour traiter les fortes consommations d’alcool dans les îles britanniques : les personnes pourraient consommer du cannabis, une drogue plus sûre que l’alcool avec moins d’effets secondaires négatifs, si c’était socialement accepté et disponible.”

L’étude rapporte également que 65% des participants utilisaient le cannabis comme substitut car il engendrait moins d’effets secondaires négatifs que l’alcool, les médicaments ou les drogues dures. 34% déclaraient consommer du cannabis car ils ne ressentaient pas d’addiction physique et, par conséquent, une facilité d’arrêt supplémentaire. Environ 58% des participants ont aussi dit consommer du cannabis car il était plus à même de traiter leurs symptômes.

En France, 49000 personnes meurent chaque année de l’alcool, deuxième cause de mortalité après le tabagisme. Outre l’impact en termes de morbidité et de mortalité, le mésusage d’alcool a des conséquences sociales dans les sphères privée et professionnelle. Une consommation importante d’alcool est associée à un risque de délits graves, notamment avec violence, et à des accidents du travail et une baisse de la productivité.

 

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