Culture

La culture intensive de cannabis : un danger pour l’environnement ?

Publié

le

La culture du chanvre nécessite en plein champ peu d’apports en eau et pas de pesticides. Pour le cannabis en revanche, les méthodes modernes de culture cherchent à maximiser chaque aspect de sa croissance, avec de nombreux apports externes. Alors que le marché du cannabis est en plein développement et que se profile une industrie massive, le cannabis peut-il toujours être considéré comme écologique?

PUBLICITE

Une consommation d’eau et d’énergie importante

Pour les producteurs de cannabis les plus importants du marché, la méthode de culture en intérieur est bien évidemment plus rentable étant donné qu’elle n’est pas soumise aux aléas du climat et permet un contrôle optimal de la qualité du produit. Or, cette méthode, utilisée par exemple par les leaders du marché canadien Aurora et Canopy, est gourmande en énergie et en eau. Avec une lumière artificielle permanente, des climatiseurs et des déshumidificateurs, les infrastructures de production, qui peuvent atteindre des millions de mètre carrés, consomment chaque mois des milliers de dollars en électricité.

Selon Werner Antweiler, professeur de business et d’économie environnementale à l’université de Colombie-Britannique, c’est un fait inquiétant : “L’empreinte carbone pourrait être assez importante au vu des méthodes de production intensive”. Aux Etats-Unis, une recherche conduite par l’Université de Berkeley en Californie estime que les installations de production américaines représentent au total 1% de la consommation d’électricité annuelle du pays et émettent environ 50 millions de tonnes de gaz à effet de serre.

La production de cannabis est également gourmande en eau et pourrait donc s’avérer problématique dans certaines régions. Selina Lee-Andersen, une avocate spécialisée dans l’environnement basée à Vancouver, rappelle qu’un plant de cannabis a besoin d’environ 22 litres d’eau par jour : “vous imaginez bien que ce pourrait être un problème de taille dans les endroits comme la Californie qui sont sujettes à la sécheresse”.

Au vu de ces faits, l’industrie de production du cannabis pourrait faire obstacles aux objectifs environnementaux que se sont fixés les gouvernements. Le Canada par exemple, s’est engagé à réduire de 30% ses émission de gaz à effet de serre d’ici à 2030 ce qui, selon les environnementalistes, devrait passer par une restructuration de l’agriculture pour diminuer l’empreinte carbone du secteur.

Opter pour des méthodes plus écologiques

Il existe des méthodes alternatives à la production en intérieur, bien que moins rentables en termes de production. La plante de Cannabis s’adapte très bien aux contraintes naturelles et peut être facilement cultivée en extérieur. Elle ne requiert par ailleurs pratiquement pas d’addition de pesticides et herbicides. Une culture en extérieur tempère les besoins en énergie de la production grâce à la lumière naturelle, la qualité de l’air et l’eau de pluie. Les bémols d’une telle méthode sont que la qualité de production est moins contrôlable et que la culture est impossible en hiver ce qui, en termes de rendement, peut poser problème.

Une autre alternative est la culture sous serre qui permet de maintenir une production à l’année tout en réduisant les besoins en conditionnement de l’air et en lumière. C’est la méthode adoptée par Hydropothecary Corp., un producteur québécois investi dans la culture durable qui ne cultive que sous serre.

“En été, nous n’avons presque pas besoin d’électricité car les jours sont tellement longs et le soleil est si fort” précise Terry Lake, le vice-président de la compagnie. L’entreprise utilise également un logiciel qui calcule précisément la quantité d’eau que nécessite chaque plant lui permettant ainsi de stocker les excès et de distribuer l’eau en conséquence pour éviter le gaspillage. Les avantages de ce type de production ne résistent toutefois pas aux contraintes de l’hiver.

La loi sur le cannabis au Canada ne fait état d’aucun standard de production au niveau fédéral mais les compagnies comme Aurora essayent tout de même de réduire leur impact environnemental en expérimentant avec des techniques (plus) responsables comme des systèmes de lumière LED ou des systèmes d’irrigation intelligents.

Cliquez pour commenter

Trending

Quitter la version mobile