Cannabis médical, COVID-19 et droit à la santé : les patients, oubliés ?
Les deux organisations les plus importantes de docteurs spécialistes du cannabis médical* en appellent à l’ONU pour faire respecter les droits des patient.e.s pendant la pandémie de covid-19. Que ce soit dans un contexte légal ou non-régulé, ces médecins considèrent que l’interruption soudaine et involontaire de traitement médicamenteux à base de cannabis doit être évitée à tout prix, au risque de bafouer les droits des patients, et d’entraîner des répercussions médicales irrévocables.
Alors que le cannabis médical a été considéré comme “essentiel” dans de nombreux pays et États nord-américains, dans d’autres endroits du globe, de nombreuses personnes qui font usage de cannabis à des fins médicales se sont subitement retrouvées privées de l’accès à leur traitement à cause des mesures de santé publique prises pour faire face à l’irruption du virus SARS-CoV-2 et à la pandémie générée. Et ce, à peine quelques mois après que l’Organisation Mondiale de la Santé ait reconnu la validité de l’usage des produits phytopharmaceutiques du chanvre (ce qu’on a l’habitude d’appeler “cannabis médical”) pour certaines maladies.
“Les médicaments phytothérapeutiques et préparations faites à base de la plante de Cannabis (…) forment une part cruciale du traitement de centaines de milliers d’individus (…) y compris de nombreuses personnes au système immunitaire vulnérable dûs à des maladies sérieuses, ou un âge avancé.”
Extrait de la lettre aux Nations Unies.
Le 20 avril dernier, une journée d’importance culturelle historique pour les personnes et communautés en lien avec la plante de chanvre à travers le monde, l’Association Internationale pour les Cannabinoïdes en Médecine (IACM), la Société des Cliniciens du Cannabis (SCC), rejointes par 5 ONG internationales du secteur de la santé publique, ont ainsi alerté la Haute Commissaire aux Droits Humains de l’ONU, Michelle Bachelet de la situation vécue par ces patients, soudain privés de leur traitement. Vu les nombreuses imbrications du sujet, et sachant que les Nations Unies considèrent l’interruption involontaire de soins médicaux comme un acte de torture, la lettre fut jointe à 7 Rapporteurs Spéciaux des Nations Unies, ainsi qu’au Secrétaire-Général, Directeur-Général de l’OMS, et autres parties prenantes.
La pandémie, certes, crée d’innombrables situations de risque pour toutes les populations, et en particulier les plus vulnérables. Cependant, on ne peut annuler certains droits – comme le droit à la santé, et à avoir accès au traitement souhaité par le médecin et le patient – au profit d’en protéger d’autres. Les droits humains sont inaliénables, et ne peuvent pas être suspendus, pas plus pour les personnes pour qui l’usage de chanvre et de phytocannabinoïdes représente un apport médicamenteux indispensable, que pour quiconque.
C’est pourquoi la lettre appelle les Nations Unies à prêter attention à ce sujet, et à envisager de fournir des guides, ou outils, afin que les décideurs politiques puissent appréhender cette question de façon sensée et respectueuse des droits des patients. Neuf éléments sont recommandés dans la lettre.
Pour les pays avec des programmes d’accès pré-existants :
- Déclarer “essentiels” le Cannabis médicinal et les dispensaires existants ;
- Permettre aux dispensaires existants d’offrir un service sans-contact ou à domicile;
- Fournir des guides de bonnes pratiques sanitaires anti-covid aux dispensaires ;
Pour les pays où l’accès au cannabis médical n’est pas encore régulé :
- Donner instruction à la police d’arrêter les interventions et poursuites pour l’auto-approvisionnement en cannabis ;
- Suspendre immédiatement les raids sur les cultures personnelles ;
- L’application des recommandations ci-dessus aux Cannabis clubs ou autres modèles semi-légaux ;
Dans tous les cas :
- Rendre possibles la “télémédecine” : consultations et prescription en ligne, pour éviter les interruptions de suivi médical ;
- Étendre les dates d’expiration des prescriptions ou autres “carnets” d’usagers médicaux ;
- Dans certains endroits, appliquer toutes les recommandations ci-dessus aux médecins et praticiens traditionnels.
Le « droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre » (droit à la santé) est fondamental. Les organismes et responsables des Droits Humains de l’ONU n’ont pas le pouvoir d’agir ou de faire changer les choses directement. Cependant, ils et elles sont là pour documenter les réalités de ce monde, et participer à améliorer progressivement la vie et la dignité de tous les êtres humains, en particulier les plus vulnérables. Le respect du droit à la santé des patients cannabiques, quoi que l’on pense de leur médicaments, est indispensable à défendre. Espérons que l’ONU prenne note, prenne conscience, et, à l’avenir, soient alertes et réactifs sur ces questions.
*IACM (l’acronyme anglais de International Association for Cannabinoid Medicines) est l’organisation de référence en ce qui concerne le cannabis à visée thérapeutique. Basée à Cologne, en Allemagne, et active depuis l’an 2000, l’IACM regroupe les chercheurs, docteurs, professeurs, et autres professionnels de la santé du plus haut niveau, unis pour faire avancer la “science des cannabinoïdes” et de leur application en médecine. L’IACM est bien connue pour sa conférence scientifique annuelle, et sa liste de maladies pour lesquelles le cannabis peut être utile, référence s’il en est.
Fondée un an auparavant à Santa Monica, Californie, par le Dr Tod Mikuriya, la SCC (pour Society of Cannabis Clinicians) a quant à elle une approche de terrain, complémentaire à l’IACM. La SCC regroupe en effet un grand nombre médecins généralistes préscrivant au jour le jour des produits phytopharmaceutiques du chanvre, et échangeant leurs retours d’expériences et bonnes pratiques professionnelles.
La lettre a aussi reçu le soutien de IMCPC (la Coalition internationale des patients usant du cannabis médical) ainsi que des organisations Coalition PLUS (une fédération d’ONGs travaillant sur la question du VIH/SIDA), de la Fondation ICEERS, de International Doctors for Healthier Drug Policies (IDHDP) ainsi que du think-tank FAAAT.
KRZ
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