Pénurie d’huile CBD pharmaceutique pour l’expérimentation du cannabis médical
Les craintes des patients s’avéraient réelles. Alors que nous relevions la semaine dernière la possible pénurie de produits médicaux à base de cannabis en France, une communication en direction des parties prenantes de l’expérimentation est venue confirmer la situation.
L’expérimentation va ainsi perdre son approvisionnement en huile CBD pharmaceutique sans THC – l’huile CBD 50 de Little Green Pharma – qui représentait environ 60% des produits prescrits, et sans stock existant.
Selon nos informations, le laboratoire en charge ne souhaite pas continuer à proposer son produit ni gratuitement ni à 14€ par flacon, un prix largement en-dessous de ses coûts de fabrication, de transport et de douanes, comme le proposait l’appel d’offres du ministère de la Santé pour la prolongation de l’expérimentation.
Les propositions faites pour les patients qui sont traités avec ce produit sont de le remplacer :
- pour les enfants épileptiques stabilisés par de l’Epidyolex
- pour les adultes stabilisés et souffrant de spasticité et/ou de sclérose en plaques par une huile CBD:THC 20:1
Des patients adultes qui ont trouvé satisfaction dans une huile CBD pure (sans THC) devraient donc changer de traitement et expérimenter une nouvelle huile CBD avec THC, que certains savent ne pas tolérer.
Encore une fois, le rôle de la Direction Générale de la Santé (DGS) est largement pointé du doigt, par de nombreuses sources que nous avons contactées, pour son absence d’anticipation et son manque d’intérêt autour de cette expérimentation aux détriments de personnes malades.
Certains, comme Yann Bisiou, spécialiste du droit de la drogue, l’expriment de manière frontale :
“On trouve des boutiques CBD à tous les coins de rue et la DGS n’est pas capable de trouver du CBD pharmaceutique. La fragilité juridique du dispositif choisi par la DGS était clairement constituée et source de contentieux. Soit ils sont incompétents, soit ils veulent couler l’expérimentation” nous confie-t-il.
En fouillant l’appel d’offres, qui était disponible en ligne, on s’aperçoit d’ailleurs que le financement de la prolongation de l’expérimentation était prélevé sur le budget des associations de patients victimes d’accidents thérapeutiques. Signe, s’il était nécessaire, que la DGS prend très à la légère l’expérimentation du cannabis thérapeutique en France. Une situation “scandaleuse et honteuse” pour Yann Bisiou.
De notre compréhension, la DGS s’est d’ailleurs aperçue tardivement qu’un produit n’avait pas trouvé preneur dans le cadre de l’appel d’offres qui concernait la prolongation de l’expérimentation, malgré les nombreuses alertes des industriels. Elle tente depuis de trouver des solutions pour éviter une rupture de produits.
Ce serait aussi dans ce cadre qu’elle a sorti à la hâte et en court-circuitant l’ANSM, normalement compétente sur le sujet, les médicaments à base de CBD de la liste des stupéfiants pour les placer sur la liste des substances vénéneuses, comme l’annonçait Nicolas Authier la semaine dernière. Ce changement de classification aurait notamment pour but de diminuer les coûts à l’importation, le commerce légal de “stupéfiants” étant extrêmement contrôlé et onéreux, et faciliter ainsi l’approvisionnement de l’expérimentation.
Un changement qui aurait pu se faire avant la pénurie ? Et qui pourrait mener à un retour de l’huile manquante pour les patients ? Sous quel délai ?
Nous sommes en attente des réponses de la DGS et complèterons cet article au besoin.
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