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L’industrie du tabac à la conquête du marché du cannabis

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L’industrie du tabac ne bat pas son fort : la lutte anti-tabac de certains gouvernements et la nouvelle concurrence de l’industrie du cannabis minent ses profits. En réaction, les compagnies tabatières commencent à investir et à développer des produits en relation avec l’industrie du cannabis.

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Une industrie en déclin

Le géant mondial du tabac Phillip Morris International avait annoncé une baisse de 9.3 milliards d’unités dans le volume de leur cargaison pour le premier trimestre de cette année. Cette tendance est propre à l’industrie du tabac en général qui souffre d’une baisse d’intérêt globalisée pour leurs produits. Pour la même période, Altria avait annoncé une baisse de son volume de cigarettes de 4,2% et British American Tobacco anticipait une baisse de 3,5% pour le premier semestre.

Alors que l’industrie naissante du cannabis est estimée à des centaines de millions d’euros d’ici un an, les compagnies tabatières n’ont pas vraiment d’autres choix que d’innover et d’engager des partenariats avec les nouvelles compagnies du cannabis pour conserver les faveurs des investisseurs. D’autant plus que l’industrie de l’alcool a déjà commencé à investir dans le cannabis : en octobre dernier, Constellation Brands qui produit la bière Corona a investi 190 millions de dollars dans Canopy Growth Corp et compte lancer une marque de bière infusée au cannabis.

Imperial Brands investit dans la recherche sur le cannabis médical

Imperial Brands, qui commercialise les marques de cigarettes Kool et Winston, vient d’investir dans la start-up britannique Oxford Cannabinoïd Technologies bénéficiant d’une licence du ministère de l’intérieur pour la recherche et le développement de médicaments à base de cannabis. Cet investissement est arrivé trois jours après que la FDA (Food and Drug Administration) des États-Unis approuve l’Epidiolex, un médicament crée par GW Pharmaceuticals, comme traitement contre l’épilepsie.

L’investissement atteint les 10 millions de dollars et surpasse largement les standards d’Oxford Cannabinoid Technologies et de la firme de consulting associée, Casa Verde, soutenue par Snoop Dog et l’acteur Patrick Stewart. Imperial Brands a également recruté l’été dernier le président de la compagnie de cannabis médical PharmaCielo, Simon Langelier, dans son conseil administratif.

C’est la première fois qu’une grande compagnie tabatière investit dans le cannabis mais des compagnies de taille plus modeste avaient déjà pris cette initiative comme Alliance One qui a investi dans Goldleaf Pharm Inc., une autre compagnie de cannabis médical, en janvier. Pour l’instant Phillip Morris, Altria et British American Tobacco n’ont pas fait le pas mais il se peut qu’ils attendent simplement que le marché se mette en place conformément aux régulations légales. Philip Morris International avait toutefois investi 20 millions de dollars dans une start-up israélienne qui développait des méthodes d’inhalations alternatives.

Une fois le marché mature et les acteurs en place, l’industrie du tabac, dont les quatre leaders mondiaux représentent à eux seuls 341 milliards de dollars en capital, n’aura plus qu’à sélectionner qui racheter et où investir. Pour la comparaison, à eux seuls, les quatre leaders sont en mesure de racheter la moitié du marché du cannabis canadien actuel.

Discrétion et intérêt

En 2010, alors que la Californie envisageait de légaliser le cannabis récréatif, une rumeur évoquant l’achat de terres par les grandes compagnies du tabac avait fait craindre l’émergence d’un monopole et la loi avait été rejetée. Conséquemment, il semble que les compagnies du tabac, quand elles investissent dans le cannabis, le font avec discrétion et selon des centre d’intérêts particuliers qui permettraient de ne pas ternir une image déjà très négative voire de l’améliorer.

Il semble, en effet, que l’industrie du tabac préfère investir dans le cannabis médical et le matériel de consommation plutôt que la production en soi. L’investissement de Imperial Brands confirme cette tendance. Alors que la consommation récréative de cannabis est déjà saturée d’acteurs et risque de connaitre un excès de l’offre sur la demande, les brevets pharmaceutiques sont assurés d’être des investissements durables et rentables bien qu’à plus long terme. Qui plus est, en terme de communication, investir dans le médical pourrait permettre de redorer le blason de l’industrie.

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