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329 ONG demandent la réforme des politiques antidrogues et interrogent la capacité de l’ONU à engager cette réforme

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A l’occasion de la 26e Conférence Internationale de Réduction des Risques qui réunit à Porto des experts internationaux et des acteurs de la société civile, 329 ONG ont publié une lettre ouverte. Celle-ci fait état de la crise sanitaire qui sévit chez les usagers de drogue. Elle dénonce en outre le fait que les politiques de répression actuellement en vigueur ne font qu’empirer la situation et appelle les organisations internationales et les gouvernements nationaux à adopter une approche axée sur la réduction des risques.

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Une politique en crise

Les ONG dénoncent un “niveau élevé de stigmatisation et de discrimination [des usagers de drogues] dans l’accès aux services de santé”. Elles notent également qu’il s’agit d’une population particulièrement criminalisée, “la grande majorité pour simple possession”. Les usagers de drogues représentent un cinquième de la population carcérale mondiale précise le document en rappelant qu’une dizaine de pays infligent des châtiments corporels pour punir cette consommation. La lettre fait notamment mention de la sanglante “guerre contre la drogue” livrée par le président philippin Rodrigo Duterte : “Il faut absolument mettre un terme à ces violations inacceptables des droits humains”.

Malgré les récents engagements pris par la communauté internationale à l’occasion des Objectifs de Développement Durable (ODD5), de la Session extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies de 2016 (UNGASS 2016) et dans la Déclaration ministérielle de 2019 adoptée il y a à peine un mois à Vienne, l’effort réformiste international est pour l’instant resté lettre morte. Concernant le cannabis, les Etats membres de la Commission des Stupéfiants ont échoué à voter les recommandations de l’OMS qui auraient permis un allègement des restrictions qui pèsent sur son usage dans la recherche.

Un manque de volonté politique

Les ONG soulignent un manque de volonté politique et interrogent la capacité de l’ONUDC, l’organe onusien qui coordonne le contrôle international des drogues, à encourager la réforme des politiques actuelles. “De par son mandat et sa structure même, l’ONUDC reste un organisme plus sensible à la riposte des forces de l’ordre en matière de drogue. De manière alarmante, l’agence a du mal à adopter, entériner et incarner pleinement les réponses fondées sur la santé et les droits vis-à-vis des drogues”, peut-on lire dans le document.

Les ONG considèrent que “la position de l’ONUDC sur la réduction des risques accuse toujours plusieurs années de retard par rapport à d’autres entités des Nations Unies”. En effet, l’ONU et l’OMS avaient déjà recommandé une décriminalisation des drogues en 2017. En mars dernier, le Conseil de Direction de l’ONU, qui réunit 31 agences onusiennes, en a fait autant. Malgré le consensus de plus en plus large sur la nécessité de réforme, aucun objectifs concrets n’ont été fixés pour les Etats membres. Les ONG pointent l’absence de leadership politique sur la question.

Disponible en français, en espagnol, en anglais et en russe sur le site de Drug Policy Consortium, la lettre ouverte concerne tous les usagers et recommande une décriminalisation de toutes les drogues sur le modèle portugais. Parmi les signataires, on trouve la Drug Policy Alliance et Veterans for Medical Cannabis Access, deux organisations qui militent pour la libéralisation des politiques de la drogue aux Etats-Unis. Parmi les organisations françaises, on compte Médecins du Monde, Cannabis Sans Frontières, Principes Actifs, Collectif Police Contre la Prohibition et SOS Addictions.

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