Cannabinoïdes

Le THCV sera-t-il le nouveau CBD ?

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Un consortium pharmaceutique californien spécialisé dans le cannabis médical est en train de breeder des variétés de cannabis pour obtenir davantage de THCV, un cannabinoïde rare qui n’est présent que de manière résiduelle dans la plupart des variétés que nous connaissons mais dont les vertus médicinales s’avèrent très intéressantes. Le consortium cherche à produire des médicaments à base de THCV et à les faire approuver par la FDA. Ce ne sont toutefois pas les seuls : ils sont en concurrence avec le laboratoire britannique GW Pharmaceuticals.

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Un cannabinoïde rare

George Bianchini, fondateur de l’entreprise de cannabis médical et membre du consortium Medi-Cone, explique qu’il est tombé par hasard sur une variété de cannabis qui produit du THCV en relativement grande quantité alors qu’il cherchait à maximiser l’effet des terpènes pour donner plus de saveur à la weed et la rendre plus vendable. Après avoir conduit des test laboratoires sur la variété en question, il a découvert que celle-ci n’avait qu’un faible taux de THC, pas de CBD et un taux de THCV de 3,5% ce qui est anormalement élevé.

Ces variétés concentrées en THCV sont vraisemblablement originaires d’Afrique sub-saharienne mais comme la tendance du breeding est en général de maximiser le taux de THC, ces variétés n’ont pas eu un grand succès. “Ce que nous avons fait c’est de renverser cette tendance, toujours par le breeding, et [la Black Beauty] a été la première variété que nous avons faite. Maintenant, nous avons développé quatre génotypes distincts” explique Bianchini.

Un cannabinoïde aux vertus médicinales prometteuses

Le THCV ou Tétrahydrocannabivarine a une structure moléculaire et des propriétés similaires au THC; il se fixe sur les mêmes récepteurs sans avoir tout à fait les même effets. Certains disent qu’il est psychoactif, d’autres non, mais, à priori, il ne “défonce” pas comme le THC. A l’inverse du THC, il est réputé couper l’appétit et donc être utile pour traiter les problèmes d’obésité. Cependant, les preuves scientifiques manquent encore pour affirmer tout cela. En revanche, il existe des preuves concluantes de son efficacité dans le traitement du diabète, pathologie pour laquelle l’île de Vanuatu a spécifiquement décidé de légaliser le cannabis médical.

En 2012, une étude publiée dans l’American Journal of Pathology suggérait qu’il était un composant prometteur car permettrait de réduire les inflammations et le stress oxydatif, des processus clés dans le développement de complications diabétiques. En 2016, Diabetes Care journal estimait qu’il pourrait être un agent de contrôle du taux de sucre pour les malades souffrant de diabète de type II. En 2013, une étude sur des souris publiée dans le journal Nature’s Nutrition & Diabetes était arrivée aux mêmes conclusions. Elle avait notamment été en partie financée par les laboratoires GW Pharmaceuticals où certains chercheurs étaient employés ou actionnaires.

Dr. Michael Moskowitz, le fondateur du consortium de recherche étudie en ce moment l’effet du THCV sur ce type de diabète. Il est très confiant quant aux propriétés médicinales du cannabinoïde: “La seule chose que le THCV fait c’est d’être analgésique et anti-inflammatoire, neuroprotecteur c’est à dire qu’il protège le système nerveux et antiémétique. Il aide à la santé et à la formation des os, au sommeil, il est anti-épileptique, anxiolytique. C’est un anti-psychotique majeur. Il aide à la suppression de l’appétit, il est anti-diabétique et anti-cholestérol. A part ça, il ne fait pas grand chose” plaisante Moskowitz.

La course pharmaceutique

Cette molécule semble avoir un futur prometteur sur le marché du cannabis médical. Les chercheurs du consortium espèrent qu’il connaitra le même succès que le CBD et se verra même approuvé par la FDA sous forme de médicaments spécifiques – comme ce fut le cas pour l’Epidiolex, une huile CBD produite par GW Pharmaceuticals. “Nous avons l’ambition de concurrencer directement GW Pharmaceuticals parce que nous avons les brevets, le technologie et le savoir-faire pour le faire”.

GW Pharmaceuticals est aussi en train de conduire des recherches sur le THCV comme traitement potentiel à une variété de pathologies telles que la diabète, la schizophrénie, l’épilepsie et Alzheimer. De son côté, la compagnie bio-pharmaceutique Liposome Formulations, membre du consortium, a annoncé cette semaine la sortie de plusieurs nouveaux médicament dont une pilule au THCV. Un autre de ses produits, un médicament censé traiter l’ostéoarthrite est en ce moment en train de passer les tests cliniques de la FDA.

Le problème du THCV est sans doute sa production car son taux de concentration dans la plante reste relativement faible et entraine des coûts élevés. Bianchini est donc actuellement en train de tenter de créer une variété avec un faible taux de THC pour pouvoir produire du chanvre THCV. Cela permettrait de réduire les coûts de production (le chanvre étant moins régulé que la marijuana), d’autant plus que le Congrès américain est actuellement en train de débattre de la Farm Bill 2018 et devrait rapidement légaliser le chanvre à l’échelle fédérale.

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