Cannabis au Portugal

La dépénalisation du cannabis au Portugal : une réussite ?

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En Europe, le Portugal jouit d’un statut à part dans la politique de gestion des drogues. Il a en effet été le premier pays européen à dépénaliser la consommation de toutes les drogues en 2001. A l’origine de cette politique avant-gardiste, l’incapacité à endiguer les flux massifs de drogues provenant d’Amérique du Sud et du Maroc. Dans les années 1990, la consommation de drogues dures était si inquiétante que les personnes addicts à l’héroïne étaient estimées à 100 000, soit près d’1% de la population du pays.

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Depuis la loi de 2001,  ce chiffre a diminué de moitié. 90% du budget alloué à la lutte contre les drogues est destiné à la prévention et au suivi de la consommation des usagers des drogues. Les “drogués” sont considérés comme des personnes ayant choisi de consommer des substances psychoactives et non plus comme des criminels. Le Portugal autorise la possession de petites doses de drogue à condition que son usage soit personnel, maîtrisé et non abusif sur la voie publique.

Revers de la médaille, cette dépénalisation des drogues fait pour l’instant la part belle aux dealers de rues, jamais inquiétés si ils possèdent de petites quantités sur eux. Les changements observés depuis la dépénalisation sont toutefois nombreux et globalement positifs :

  • Légère augmentation de la consommation de drogues illicites chez les adultes, mais forte diminution chez les adolescents (15-19 ans).
  • Réduction du fardeau des délinquants toxicomanes sur le système de justice pénale
  • Augmentation du nombre de traitements médicamenteux
  • Réduction des décès liés aux opiacés et des maladies infectieuses
  • Augmentation des saisies de drogues

La consommation de cannabis au Portugal

L’usage de cannabis au Portugal viendrait de son ancienne colonie indienne Goa, province où le Cannabis Sativa L. est très répandu. La consommation de cannabis fut également rapportée des ex-colonies africaines du Portugal, le Mozambique et l’Angola. Actuellement, la majeure partie de l’herbe fumée au Portugal proviendrait de son voisin espagnol, et le haschisch importé directement du Maroc. Les historiens supposent également que certains colons de la Renaissance revenaient du Brésil avec des cargaisons de cannabis.

La réglementation sur le cannabis est claire :

  • chaque personne peut posséder jusqu’à 25 grammes de cannabis pour son usage personnel à domicile
  • la culture de cannabis est en revanche interdite
  • la loi autorise à avoir sur soi maximum 2.5 grammes de beuh

Depuis la crise économique de 2008, le nombre de “petits dealers” augmente chaque année, souvent pour se faciliter les fins de mois. Les prix oscillent entre 5 et 10 € le gramme dans la rue pour des qualités variables.

Plusieurs forums conseillent aux touristes d’éviter les dealers et de se tourner vers les smart-shop, sortes d’herboristeries qui proposent de petites quantités dans l’illégalité. Ces smart-shop bénéficient d’un flou juridique autour de leurs statuts (un peu comme les coffeeshops aux Pays-Bas) et vendent mêmes des champignons hallucinogènes et certaines drogues de synthèse.

Si vous êtes interpellés dans la rue ou si vous parvenez à trouver les smart-shop, le mot de passe est Ganza pour obtenir de la verdure et Bolata pour obtenir du shit de qualité. Attention toutefois : le deal se fait en vitesse, et vous risquez très bien de vous retrouver avec des herbes de Provence ou du Carambar.

Loi sur le cannabis au Portugal

Malgré une certaine liberté, les consommateurs de cannabis portugais demandent une réglementation plus complète. Les dealers fournissent souvent des produits de mauvaise qualité, les consommateurs appellent à aller vers une légalisation du cannabis, et donc une régulation par l’Etat. Une légalisation pourrait notamment désengorger les tribunaux portugais. En 2015, 82% des “commissions de justice”, l’équivalent lusitanien de notre “rappel à la loi”,  s’exerçaient pour consommation de cannabis.

En 2015, la Ministre de la Justice Paula Texeira da Cruz se prononçait en faveur d’une réglementation de l’usage du cannabis. Elle souhaite une dépénalisation des autoculteurs à des fins personnelles. Cet appel n’a pas été suivi dans les strates supérieures du gouvernement. Le Portugal pourrait également s’inspirer du modèles des Cannabis Social Clubs espagnols. En 2013, le Portugal avait déjà rejeté une loi proposant d’autoriser l’autoculture.

Coté médical, le Portugal autorise le Sativex, produit proposé par la firme britannique GW Pharmaceuticals et à destination des malades de la sclérose en plaques. L’entreprise anglaise a désigné Terra Verde comme son relais au Portugal pour faire pousser du cannabis à des fins thérapeutiques. Les plantes ne doivent pour l’instant pas dépasser 2% de THC.

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