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La Turquie va augmenter sa production de chanvre

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La culture traditionnelle du chanvre en Turquie s’étendait sur 1,4 millions d’ares en 1961. Cependant, depuis les années 90, les cultures turques ont peu à peu déclinées pour arriver à une superficie de moins de 4 000 ares en 2017. La semaine dernière, à l’occasion de son discours sur les administrations locales, Tayyip Erdogan, le président turc, a déclaré vouloir redonner vie à l’industrie chanvrière turque et a annoncé l’augmentation des cultures.

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Plus de culture pour une industrie plus efficace

A l’occasion de son discours, Erdogan a déclaré : “Nous avons arrêté la culture du Cannabis dans notre pays à cause d’ennemis déguisés en amis”. Selon le journaliste et écrivain Yunus Eksi, un expert du Centre de Recherche Stratégique d’Eurasie (ASAM), ce sont les politiques américaines qui ont influencé les politiques agricoles turques et conduit à la diminution drastique des cultures de chanvre en Turquie. Pour l’opposition au gouvernement en revanche, ce sont les politiques agricoles du gouvernement qui sont l’origine de cette faible production. Le gouvernement entretient, il est vrai, une position répressive envers le cannabis en général.

Depuis 2016 néanmoins, la production de chanvre est autorisée dans 19 provinces à des fins de recherche scientifiques et médicales. D’un point de vue industriel, seules les fibres, les graines et les tiges pouvaient jusqu’ici être utilisées mais le fait que le gouvernement ait signifié son intention d’ouvrir les débouchés industriels suggèrent que les fleurs pourraient être utilisées pour des extractions et que le secteur du CBD (celui à plus forte croissance) sera potentiellement encouragé. L’augmentation des cultures et la dynamisation de l’industrie permettront en tous les cas à la Turquie d’être plus auto-suffisante sur un marché qui gagne en importance.

L’objectif de cette politique de vivification est, entre autres, d’encourager la production locale de toute une gamme de produits. Entre 2015 et 2018, les exportations de chanvre turques avaient une valeur de 24 000 dollars alors que ses importations s’élevaient à une valeur de 5,8 millions de dollars. A cause de sa faible production, la Turquie importe la plupart de ses produits au chanvre. C’était le cas également des Etats-Unis et probablement un argument économique décisif en faveur de la légalisation américaine. Cette nouvelle a pu influencer la décision du président turc.

Le géopolitique de la production de chanvre

Les Etats-Unis, une des plus importantes puissances agricoles mondiales, se profilent déjà comme un futur leader du marché global de chanvre. Parmi les leaders actuels, on compte l’Europe qui comptabilisait environ 5 millions d’ares de cultures en 2018, le Canada avec 10 millions et la Chine avec 6 millions. La Turquie a l’avantage d’avoir un climat propice à la culture du chanvre ainsi qu’une large quantité de terres arables. Il semble donc logique qu’elle se joigne aux leaders mondiaux dans cette aventure qui apparaît de plus en plus lucrative plutôt que d’entretenir une relation commerciale déficitaire.

D’ailleurs, l’idée d’une production nationale gagne de plus en plus les faveurs des éléments islamistes et conservateurs de la société turque. Hier, le journal islamiste Dirilis Postasi titrait “la production de Cannabis est une affaire nationale” et publiait dans son numéro un schéma expliquant les applications industrielles du chanvre. Parallèlement, Abdurrahman Dilipak, un écrivain islamiste reconnu a recommandé que la Turquie produise ses propres médicaments à base de Cannabis.

Dans ce contexte, les chercheurs turcs travaillent au breeding de variétés de Cannabis adaptées aux conditions régionales. Depuis 2017 déjà, des recherches sur la question ont lieu à l’Institut de l’Agriculture de la mère noire. Un projet sur le chanvre a été lancé et vise à produire des variétés faibles en THC, hautement productive et adaptées aux conditions climatiques. Elles seront ensuite ajoutées à la liste des ressources agricoles cultivables dans le pays. Le Conseil de Recherche Scientifique et Technologique travaille également au développement de phénotypes nationaux à faible teneur en THC.

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