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Le chanvre et l’industrie du papier : menace ou opportunité ?

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L’avènement du numérique n’a pas encore éliminé le carton et le papier, toujours utilisés pour les livres, les boites d’expéditions, les journaux ou même le papier peint. La pâte de papier, extraite à partir des arbres, entraîne une forte consommation de bois, parfois de forêts gérées durablement, alors que des alternatives écologiques existent et étaient déjà utilisées par nos ancêtres : la pulpe de chanvre et le lin.

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Outre la pulpe, tous les composants du chanvre peuvent être utilisés dans l’industrie. Ainsi, les graines de chanvre sont utilisables dans l’alimentaire et les fibres dans l’industrie textile ou la construction. Cependant, à l’image du papier issu des arbres, le coton importé des colonies l’a emporté sur le chanvre car son traitement technique était plus rapide. Dans le temps, les arbres étaient considérés comme une ressource abondante et renouvelable mais aujourd’hui la déforestation et la destruction d’écosystèmes essentiels à la vie inquiètent.

L’entrave de la prohibition

Alors qu’un développement des techniques industriels et technologiques relatives au chanvre en aurait fait une alternative préférable, les décennies de prohibition ont annihilé toute recherche scientifique autour des potentialités économiques du chanvre. Aujourd’hui, c’est l’aspect établi des industries concurrentes qui ralentit et entrave le développement de ces potentialités.

La confusion du chanvre industriel avec la « marijuana » récréative dont l’usage était fortement ethnicisé aux Etats-Unis a conduit à abolir le produit et sa culture au détriment de ses qualités et de son usage millénaire. Le chanvre a donc été interdit en 1937 avec le Marijuana Text Act, bien que parfois autorisé dans le cadre de stratégies industrielles alternatives au pétrole.

Du fait de la prohibition, l’industrie du chanvre ne dispose pas, pour l’instant, des techniques et des technologies appropriées pour remplacer efficacement l’industrie traditionnelle du papier mais, une fois développée, elle pourrait répondre aux besoins du marché à grande échelle et de manière bien plus écologique. A terme, le chanvre pourrait remplacer totalement le papier et être utilisé massivement dans la confection de papier à cigarettes, de sachets de thé ou de billets de banque. Avec des structures marketing efficaces, l’établissement de la culture du chanvre comme papeterie exclusive est envisageable.

Une alternative plus écologique

Tout comme le bois, la plante de chanvre peut être utilisée dans son entièreté pour confectionner du papier de différentes qualités bien que cela nécessite des usines de traitement complexes. Le traitement du chanvre est certes plus laborieux mais il est bien plus écologique que celui du bois et, s’il est issu des fibres, le papier est de haute qualité et peut être recyclé plus de fois que le papier issu de la foresterie. Il dure également bien plus longtemps car la pulpe de chanvre ne contient aucun acide. Les restes peuvent être utilisés pour fabriquer des boîtes en carton, des matériaux de construction en chanvre ou des combustibles. La plante est utilisable dans son entièreté et pour une variété d’usages différents.

En termes de maintenance, la plante de chanvre est facile à entretenir et résistante et ne requiert pratiquement pas l’addition de pesticides. Les cultures sont renouvelables chaque année contrairement aux arbres. De plus, la production de papier est 4,1 fois plus importante, dans les mêmes conditions de culture, avec du chanvre qu’avec les arbres à croissance rapide.

En terme de rendement, le chanvre s’impose ainsi comme la meilleure alternative mais alors même qu’il semble réunir toutes les qualités requises pour devenir le matériau principal dans de nombreux secteurs, les industries rivales, qui ont bénéficié de la prohibition, militent toujours pour que la plante soit interdite en insistant sur son effet psychotrope.

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