Cannabis aux Etats-Unis

Floride : le combat des patients pour autoriser le cannabis fumé

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Le cannabis peut être administré de différentes façons. La voie d’administration la plus commune est sans doute la voie fumée mais elle ne fait pas l’unanimité quand il s’agit de cannabis médical. Ce n’est pas l’avis des patients de Floride qui ont poursuivi en justice leur Etat pour avoir interdit le cannabis fumé.

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Le cannabis fumé en Floride : légalisé, interdit, autorisé

Le cannabis médical, y compris le cannabis fumé, a été légalisé en Floride en 2016 par voie d’initiative populaire et sous forme d’amendement à la Constitution. Pour que la légalisation soit effective, elle doit néanmoins faire l’objet d’une loi rédigée par les législateurs. Or, ces derniers ont choisi d’interdire le cannabis sous forme fumable alors même qu’il avait été approuvé par les citoyens. Selon certains patients et juristes, cette interdiction n’est pas justifiée et va à l’encontre de la volonté des citoyens.

Deux semaines après l’entrée en vigueur de la loi, en 2017, John Morgan, un activiste du cannabis médical a poursuivi en justice l’Etat pour faire lever cette interdiction. Il a été rejoint par deux patients en phase terminale : Cathy Jordan, atteinte de Sclérose latérale amyotrophique (LSA), et Diana Dodson, atteinte du virus du SIDA. Pour Cathy, le cannabis fumé favorise la toux et évite l’excès de salive. Pour Diana, cette voie d’administration est 50% plus efficace que la vaporisation.

Dans son accusation, John Morgan a mis en avant le fait que les électeurs aient voté en conscience pour le cannabis fumé. Un sondage local étaye effectivement ses dires : sur 1 700 interrogés, 65% se sont dit en faveur du cannabis médical fumé. Les trois plaignants ont finalement obtenu gain de cause. Le juge chargé de l’affaire a déclaré l’interdiction de consommer du cannabis sous forme fumable inconstitutionnelle. A la suite de ce verdict, le nouveau gouverneur Ron DeSantis a lancé un ultimatum aux parlementaires pour qu’ils légifèrent sur la question avant la mi-mars sans quoi l’interdiction de fumer du cannabis médical serait tout simplement annulée et la pratique non régulée.

Les législateurs ont réagi très rapidement et ont introduit dès le début de la session législative de mars une proposition de loi pour lever l’interdiction sur le cannabis fumé. Celle-ci a été approuvée par le Sénat à 34 voix contre 4 et par la Chambre des représentants à 101 voix contre 11 dans un laps de temps très court. Elle met en place certaines restrictions comme des limites de quantité et d’âge. Les patients sont autorisés à acheter 70 grammes de cannabis tous les 35 jours mais ne doivent pas posséder plus de 112 grammes chez eux. La consommation publique est interdite et les enfants en phase terminale sont autorisés à fumer du cannabis sous couvert de l’avis favorable d’un pédiatre.

Faut-il interdire le cannabis fumé ?

Toute légalisation du cannabis médical doit aborder la question du cannabis fumé. Dans de nombreux cas, c’est une voie d’administration contre-indiquée du fait de la toxicité de la fumée pour les poumons et de la difficulté de garantir un dosage précis. En revanche, certaines études et certains témoignages suggèrent que c’est une des voies d’administration les plus efficaces. Deux études ont collecté des données sur la pratique des patients via l’application Releaf Ap et ont trouvé que de nombreux patients se soignent avec du cannabis fumé.

En France où une expérimentation sur le cannabis médical doit être lancée, il est entendu que le cannabis fumé ne sera pas permis dans le cadre de la médecine. Lui seront préférées d’autres voies d’administration comme le cannabis vaporisé, les gélules ou les sprays sublinguaux. L’interdiction du cannabis fumé est souvent accompagnée de l’interdiction de l’auto-culture qui ne permet pas un contrôle simple du mode d’administration. Aux Etats-Unis, le cannabis fumé et l’auto-culture sont largement tolérés dans les Etats de cannabis médical mais certains Etats l’interdisent encore. C’est le cas de l’Etat de New York où le sénateur Gustavo Rivera a également introduit une proposition de loi pour autoriser ce mode d’administration.

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