Cannabis aux Etats-Unis

Etude : Légalisation du cannabis aux Etats-Unis, les exemples du Colorado et de l’Etat de Washington

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Dans la lignée de Cannalex, l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI) publie son étude concernant les premières tendances de la légalisation du cannabis dans les Etats du Colorado et de Washington, analysant notamment les impacts en termes de santé publique, d’économie et de criminalité.

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Deux Etats, un but commun, des applications différentes

L’étude de l’IFRI commence par rappeler que, malgré le fait que les Etats-Unis aient été les chantres de la prohibition du cannabis tout au long du 20ème siècle, plusieurs Etats ont commencé à inverser cette tendance.

La Californie a été le premier Etat à légaliser le cannabis médical en 1996, et le Colorado et Washington ont légalisé l’usage récréatif du cannabis en 2012, à la faveur des instructions données par Barack Obama et du Cole Memo de déprioriser la lutte contre le marché médical du cannabis.

Les 9 Etats ayant actuellement légalisé le cannabis tentent tous de répondre aux mêmes objectifs :

  • ouvrir le marché du cannabis sans envoyer un signal de tolérance aux plus jeunes
  • optimiser les recettes de l’Etat sans stimuler la consommation
  • taxer le cannabis, sans que le prix soit trop élevé ou trop bas
  • trouver la bonne articulation entre les marchés médicaux et récréatifs
  • neutraliser le marché noir afin d’affaiblir les organisations criminelles

Les modèles de régulation du cannabis varient toutefois dans chaque Etat. Dans l’étude qui nous concerne, la régulation du Colorado s’est faite dans l’empressement qui a suivi le vote pour la légalisation au référendum, alors que l’Etat de Washington avait au préalable pris le temps de la réflexion, et finalement mis en place une régulation plus prudente qu’au Colorado.

Effets sur la santé publique

La principale inquiétude sur la santé publique réside dans la consommation de cannabis chez les jeunes post-légalisation. Les deux Etats n’ont vu aucune augmentation de la consommation chez les jeunes, voire une baisse

A l’inverse, les personnes majeures semblent davantage s’intéresser au cannabis. Outre une augmentation statistique mécanique, l’étude évoque le report des consommations de tabac et d’alcool sur le cannabis, précisant que cette tendance sera à confirmer ultérieurement avec plus de données.

Le cannabis tend à se normaliser, à la fois avec une baisse de la représentation du risque et une offre très large de produits, des fleurs séchées aux concentrés en passant par les edibles et les produits cosmétiques.

De nouvelles populations à risque tendent à se dégager : les touristes, les jeunes enfants qui consomment du cannabis par mégarde et les animaux de compagnie.

Globalement, les demandes de traitements contre l’addiction (cannabis et alcool) ont tendance à diminuer chez les jeunes, mais à augmenter chez les personnes majeures, suivant le trend d’augmentation de la consommation.

Conséquences économiques

Les retombées fiscales issues de l’industrie du cannabis dépassent d’ores et déjà celles du tabac. En termes d’emplois, la légalisation profite à toute l’économie grâce aux emplois périphériques à l’industrie du cannabis.

Mais l’impact réel sur le PIB est faible, avec toutefois des effets plus conséquents que prévus.

Conséquences sur la criminalité

Les chercheurs disposent aujourd’hui d’assez peu de recul sur les données criminelles, mais constatent que le marché noir existe toujours, notamment à destination des plus pauvres avec des weeds de qualité inférieure.

L’étude note que la baisse des prix liée à la légalisation “devrait contribuer à résorber le marché noir dans les années qui viennent”, tout comme son penchant à alimenter les Etats qui appliquent toujours une prohibition du cannabis.

Les cartels se sont reportés sur les opioïdes (type Fentanyl ou héroïne), et supplémentent l’offre légale d’Oxycontin avec de l’héroïne peu chère.

La petite criminalité a reporté ses activités sur le trafic de voitures volées ou les vols avec violences, probablement dus aussi aux usagers dépendants à l’héroïne qui se retrouvent obligés de financer leur addiction comme ils peuvent.

De nouveaux faits de criminalité ont également émergé, à destination des entreprises du cannabis (vols de pieds, braquages…), qui devraient diminuer avec la future bancarisation du secteur.

L’augmentation statistique peut également être due au report d’activité des forces policières qui ont délaissé le simple usage de cannabis  pour des infractions plus importantes.

L’INFRI a également publié une infographie qui reprend l’étude complète et que nous vous proposons ci-dessous.

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