Cannabis en Espagne

Etude : 75% du haschisch madrilain contaminé par des bactéries fécales

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Un chercheur de l’Université de Madrid a conduit une étude sur du haschisch qu’il se procurait sur le marché noir et a ainsi trouvé que la majeure partie du hash vendu dans les rues madrilènes est impropre à la consommation humaine. Ce genre d’études met en lumière les dangers de l’absence de régulation des produits de cannabis.

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Du haschisch contaminé

Pérez Moreno, chercheur en pharmacie de la Faculté vétérinaire de l’Université Complutense de Madrid, s’est transformé en consommateur de cannabis pour les besoins de l’étude. Il est allé lui-même acheter du haschisch auprès de 90 dealers différents pour ensuite l’analyser. Son étude a conclu que “la majeure partie du haschisch vendu dans la communauté de Madrid est impropre à la consommation humaine, du fait principalement de critères microbiologiques, et représente un danger pour la santé”.

En effet, 75% des échantillons analysés présentaient des quantités significatives d’Escherichia coli, une bactérie qui indique une contamination fécale. Le haschisch espagnol provient en grande majorité du Maroc voisin où les passeurs l’ingèrent pour l’expulser ensuite de l’autre côté puis le vendre. Durant son transit dans l’organisme, le morceau de haschisch est contaminé par des bactéries. C’est particulièrement le cas du shit vendu sous forme d’olivettes (93% des échantillons analysés contaminés). L’équipe a également analysé du haschisch en plaquettes et a trouvé la présence de bactéries fécales dans seulement 30% des échantillons.

Les bactéries fécales ne sont pas l’unique risque sanitaire. Dans 10% des échantillons, l’équipe de Pérez a détecté des traces de champignons du genre Aspergillus qui peuvent causer infections et crises allergiques. “Un aspergillus peut tuer s’il n’est pas traité” indique le chercheur. En 2012, Energy Control, un projet espagnol de réduction des risques associés à la consommation de drogues avait fait analyser 170 échantillons de haschisch et avait trouvé des champignons dans 4% d’entre eux. La recherche ne portait pas en l’occurrence sur les bactéries.

Les causes et les dangers

Cette contamination peut être bénigne mais, selon l’étude, les quantités de bactéries retrouvées dans chaque gramme sont environ 500 fois supérieures aux limites fixées par les autorités sanitaires américaine et européennes pour les fruits ou le thé. Pérez Moreno indique également que pour certains patients atteints de cancer ou de maladies auto-immunes, l’auto-médication peut être dangereuse car les risques d’infection sont décuplés du fait d’un système immunitaire fragilisé.

“Ce type de contamination est due au fait que le haschisch est illégal en Espagne. Dans un marché régulé, ce serait impensable” souligne Claudio Vidal d’Energy Control. “Il est clair que c’est un problème de santé publique. Les quantités de bactéries que nous avons observées sont scandaleuses” affirme la biologiste Inmaculada Santos qui a participé à l’étude. “Le problème ne vient pas seulement de l’inhalation. Le haschisch est constamment manipulé avec les mains” explique-t-elle. “Les filtres des joints sont creux. On n’aspire pas seulement la fumée mais également les particules” complète Perez.

La grande majorité du haschisch vendu en France et en Espagne provient du Maroc et est donc susceptible d’avoir été ingéré puis récupéré dans des selles. La France et l’Espagne sont les deux premiers pays de l’Union Européenne en termes de consommation de cannabis. Il est donc possible que de nombreux consommateurs soient exposés à ces risques. Claudio Vidal nuance cependant les résultats de l’étude : “C’est un nombre réduit d’échantillons et nous ne savons pas combien de haschisch différents circulent actuellement. Nous ne pouvons pas savoir si les résultats sont représentatifs de ce qui se vend dans la Communauté de Madrid ou en Espagne”.

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