Cannabis en France

Caroline Janvier : “Mon objectif est que la légalisation du cannabis soit débattue en 2022”

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Pour Caroline Janvier, députée (LREM) du Loiret, les 200 000 participations à la consultation de l’Assemblée nationale sur le cannabis récréatif prouve une “vraie envie” des Français de discuter du sujet. Elle veut maintenant proposer à Emmanuel Macron d’intégrer une légalisation encadrée du cannabis dans son programme pour 2022.

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Vous êtes la rapporteure thématique de l’Assemblée nationale sur le cannabis récréatif. Vous pilotez donc la consultation, en ligne depuis deux semaines. Où en est-on aujourd’hui ?

Nous sommes à un peu plus de 200 000 participations. En moyenne, les consultations de l’Assemblée ne représentent que quelques milliers de répondants. Donc on a déjà un chiffre assez important.

Quel est l’avis des participants sur le cannabis récréatif ?

Trois-quarts des répondants sont favorables à une légalisation. Ceux qui souhaitent un renforcement des sanctions sont très, très minoritaires. En fait, on a une surreprésentation des militants parmi les 200 000 réponses. La grande majorité connaît bien le sujet. Il y a plus de la moitié des répondants qui ont entre 18 et 29 ans. Trois-quarts sont des hommes, pour seulement un quart de femmes, et Paris est surreprésenté.

Vous espérez donc avoir des participants plus représentatifs de la société ?

Oui ! Nous, ce qu’on voulait, c’était de pouvoir toucher tous les Français qui ne connaissent pas bien le sujet du cannabis récréatif. Ceux qui répondent de manière incorrecte aux questions sur la dépendance, par exemple. Donc il faut que ceux-ci répondent à la consultation. Et nous avons aussi besoin de femmes, pour rétablir un équilibre.

Quelle est la prochaine étape, après cette consultation ?

Très clairement, c’est l’élection présidentielle de 2022. Mon objectif est que chacune des formations politiques se positionne clairement sur le sujet. Le cannabis ne doit pas être juste l’apanage du Parti socialiste, ou des Verts. Mon deuxième objectif est qu’il y ait un volet « cannabis » dans le programme d’En Marche. Moi, je suis favorable à une légalisation, avec une régulation par l’État. On pourrait alors faire baisser la consommation, avec un objectif de santé publique.

Une légalisation en 2022, c’est réalisable ?

Si ça ne dépendait que de moi, oui, je pense que c’est tenable. Mais en politique, on ne fait jamais les choses seule. Il faut porter une dynamique envers cette idée, convaincre des collègues. Pour convaincre, j’ai besoin de l’opinion publique et de l’avis des experts. Si on a une opinion publique favorable, qui considère que c’est un sujet important, c’est un premier argument. Ensuite, si on a suffisamment d’éléments, de données, d’analyses d’experts pour montrer qu’une légalisation ne ferait pas monter la consommation des jeunes, amener les consommateurs de cannabis vers des drogues dures, ou encore porter le crime organisé vers d’autres circuits, alors c’est un deuxième argument.

Qu’entendez-vous par “régulation par l’État” ? Quel serait le modèle à adopter, en cas de légalisation ?

Je ne sais pas encore. Il y a un équilibre à trouver entre un monopole public – comme en Uruguay – où l’on ne peut pas assécher le marché noir, et un autre modèle – qui est celui de plusieurs États américains – où le privé domine, et met en place des stratégies marketing pour attirer les consommateurs. Il faut créer et inventer un modèle français.

La consultation citoyenne de l’Assemblée Nationale est ouverte à tous les citoyens, jusqu’au 28 février

Caroline Janvier a souhaité relire cet entretien avant publication.

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