Cannabis en France

Le cannabis au débat de la primaire de gauche

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Le cannabis avait été absent du premier débat de la primaire de gauche. Il ne l’aura pas été pendant le deuxième débat. Contrairement aux Républicains, tous les candidats de la Gauche se positionnent sur le sujet du cannabis (même si Valls ne l’inscrit pas dans son programme). 5 sont en faveur d’une dépénalisation / légalisation et 2 contre. Le débat n’a pas vu de grande surprise à ce sujet. En voici le résumé.

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Benoît Hamon

Pour Benoît Hamon, la répression a échoué. Le cannabis est une substance potentiellement addicitive qui doit être accompagnée de politiques de prévention et de santé publique. La légalisation du cannabis en France permettrait, selon lui, de réaffecter 550 millions d’€, attribués aujourd’hui à la répression, à la santé et à la lutte contre les addictions. Il rappelle que le système actuel ne marche pas et que la France est championne d’Europe de consommation de cannabis.

Hamon se vautre en revanche sur le Portugal. Il soutient mordicus à Laurence Ferrari que le pays a légalisé le cannabis, alors qu’il n’a “que” dépénalisé toutes les drogues. Une subtilité dont nous lui avions fait part sur Twitter le 5 janvier (mais on n’a pas la prétention de penser qu’il nous  lise, ou que ses équipes de com’ / jeunes fassent leur taf).

Sylvia Pinel

Sylvia Pinel place avant toute chose la lutte contre les réseaux et les trafics. Le cannabis est un enjeu de santé publique et de sécurité. Les pharmacies pourraient vendre du cannabis. Elle nuance les propos de Benoît Hamon sur la réaffection des moyens qui doivent, pour elle, également aller sur les autres trafics et à la lutte contre terrorisme.

Elle rappelle également que les autres solutions (la prohibition) n’ont pas marché et que la France pourrait essayer celle-ci “qui fonctionne dans d’autres pays”.

Manuel Valls

Manuel Valls ne bouge pas de sa ligne très dure. Tous les avis sont bons à prendre, mais aucun argument de fond n’est donné. Il met lui aussi en avant la santé publique, et donc la prévention, mais avec des conclusions différentes de ses adversaires. “Il faut des interdits dans une société”. Pour Valls, les plus jeunes seraient les plus touchés par la légalisation du cannabis, avec des substances cannabiques “plus dures” qui alimenteront d’autres traffics. A cet “argument”, on peut voir Hamon nier de la tête ce qui, de toute évidence, peine à le convaincre.

Pour Manuel Valls, ni légalisation, ni dépénalisation.

Vincent Peillon

Vincent Peillon veut prendre en compte la santé et la sécurité des Français. La légalisation est pour lui une direction qui “peut être judicieuse” étant donné l’échec de la prohibition. Il est pour l’ouverture d’un débat sous forme de conférence nationale.

Jean-Luc Bennahmias

Jean-Luc Bennahmias a été le plus vitupérant sur le sujet. Il parle notamment de “40 ans d’hypocrisie” et d’une politique manifeste de l’autruche. Il est pour une interdiction aux moins de 18 ans, car l’addiction est dangereuse. Il est le seul à parler de cannabis thérapeutique, pour “Parkinson, la sclérose en plaques ou certains cancers”. Il est également le seul à évoquer sa sans doute petite consommation de cannabis. “Ca m’est arrivé, pas ce soir” crie-t-il, sous les sourires gênés de ses camarades. Il rappelle également que c’est une pratique exercée par plusieurs millions de personnes, dans les festivals de musique, dans les stades, par tous les âges, et que 30 Etats américains et certains pays d’Amérique Latine sont passés à une légalisation thérapeutique et/ou récréative. Il finit par dire que dans l’Union Européenne, la France est le seul pays à ne pas en débattre.

Sous ses dessous de tonton un peu gênant, JLB a montré qu’il connaissait bien son sujet.

François de Rugy

Pour François de Rugy, le cannabis est un sujet de sécurité. “Ca ne viendrait à l’idée de personne de faire la prohibition sur le tabac et l’alcool”, rappelant alors les conséquences de la prohibition de l’alcool aux Etats-Unis, Al Capone compris. Les trafics génèrent de la violence et de l’argent sale. Pour lui, les bureaux de tabac, qui vendent déjà tout ce qu’il faut pour faire des joints, devraient vendre le cannabis. Il propose, à l’image du Danemark, une expérimentation de 5 ans avec un bilan à la clé et un retour en arrière possible si l’issue est mauvaise.

Arnaud Montebourg

Arnaud Montebourg est le deuxième candidat de la gauche à être contre la dépénalisation ou la légalisation du cannabis en France. Ses réticences vont vers la santé publique (la prévention coûte cher). Il s’interroge notamment sur le fait d’ouvrir l’utilisation d’une substance alors qu’on sait que le produit est nocif. “Si à chaque fois que les pouvoirs publics sont submergés, faut-il autoriser ?”

Il évoque en revanche un débat à ouvrir, sous forme de conférences, mais ne veut pas que l’élection présidentielle se joue “sur un sujet de cette nature”.

Que restera-t-il du sujet du cannabis après les primaires de la gauche ? Une question à laquelle nous n’avons pas la réponse.

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