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Lobo Genetics : un test génétique qui anticipe votre réaction au THC

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C’est bien connu, un même joint de cannabis peut avoir des effets différents selon les personnes. Certains seront euphoriques, d’autres paranoïaques pourtant, il s’agit bien de la même substance. Comment expliquer ces différences de réaction à un même produit ? Il semblerait que notre génétique soit une première piste de réponse. C’est en tout cas le pari de l’entreprise canadienne Lobo Genetics qui a mis au point un test permettant d’anticiper notre réaction au THC en fonction de certains gènes.

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Ce que vos gènes disent sur vous

“Découvrez votre profil génétique cannabique”, c’est la proposition alléchante que l’on peut lire sur le site de l’entreprise créée par l’expert en technologie génétique John Lem. “En regardant de plus près les preuves scientifiques, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il existe en fait une base génétique à la réaction des individus au THC” affirme ce dernier. “Si les gens comprennent comment leur corps réagit au cannabis, c’est une bonne chose”. Suite à ce constat, son équipe et lui ont mis au point un test qui examine trois gènes soupçonnés d’influencer notre réaction au THC.

Les gènes en question sont :

  • CYP2C9 : une variation de ce gène pourrait faire varier la durée nécessaire à la métabolisation du THC. En d’autres termes, une personne dont l’expression du gène est altérée sera high plus longtemps qu’une autre avec la même dose.
  • AKT1 : ce gène est impliqué dans de nombreuses fonctions cellulaires. Une variation dans ce gène pourrait potentiellement révéler un risque de psychose à court et à long terme. Certaines études montrent que l’augmentation des risques de psychose est corrélée à la consommation de cannabis bien qu’on ne sache pas encore si cette dernier est en capacité de les déclencher ni par quels mécanismes.
  • COMT : ce gène joue un rôle dans la libération de dopamine dans le cerveau. Les niveaux de dopamine impactent quant à eux les fonctions cognitives. Or, la prise de cannabis libère de la dopamine. Lobo Genetics en conclut qu’une variation dans ce gène pourrait jouer sur les fonctions mémorielles.

Ainsi, des variations de ces trois gènes pourraient expliquer la propension aux pertes de mémoire, à la paranoïa voire à des psychoses plus graves comme la schizophrénie. Concernant le test, il suffit de prendre un échantillon d’ADN dans sa joue et de l’envoyer au laboratoire qui poste ensuite les résultats en ligne. Ceux-ci sont classés en trois catégories : métabolisme, risques de psychose et perte de mémoire. Le risque est quant à lui classé sur une échelle de faible à fort.

Les limites du test

Ce genre de tests reste néanmoins limité. D’abord, celui-ci n’évalue que trois gènes. Or, il est probable que de nombreux autres gènes jouent un rôle dans notre réaction au THC. D’autres facteurs également peuvent modifier la réponse au THC comme la prise préalable de substances psychotropes, l’environnement, l’état mental du consommateur, la dose et la fréquence de consommation. Selon le Dr. Bernard Le Foll du Centre de Toxicomanie et de Santé Mentale de Toronto, ces facteurs sont surement plus importants que les gènes en eux-mêmes.

En outre, les tests de Lobo Genetics restent des objets commerciaux et non médicaux – ils sont déjà commercialisés en ligne et dans cinq dispensaires d’Alberta. Ainsi, bien que les gènes puissent être une piste de réflexion intéressante, la validité scientifique de ce test n’est pas garantie. Selon le Dr. Bernard Le Foll, il est trop tôt pour dire que ce genre de tests génétiques soit un outil convenable pour comprendre notre réaction au THC : “Le genre d’études sur lesquelles ces tests sont basés sont effectuées sur un très petit nombre de sujets. Il faudrait qu’elles soient menées sur un panel de sujets plus large pour être valides”.

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