Cancer et cannabis

La consommation de cannabis augmente-t-elle le risque de cancer des testicules ?

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C’est quasiment un marronnier éditorial, qui réapparaît donc en ce mois de décembre : le cannabis augmenterait le risque de cancer des testicules. Si les titres des publications condamnent tous la consommation de cannabis, leur contenu est moins virulent et pointe les résultats généralement non-concluants des études avec un appel à davantage de recherches.

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Exemple : Doctissimo nous parle par exemple d’une “nouvelle étude américaine”, alors même qu’il traitait déjà le sujet (et la même étude) en 2009. La “nouvelle étude” est en fait une méta-analyse de 25 études destinée à évaluer les risques de développer des cancers du poumon, de la tête et du cou, urogénitaux et autres en cas de consommation de cannabis.

Il ne faut pourtant pas aller très loin dans le document pour lire que “dans les méta-analyses, la consommation régulière de cannabis était associée au développement de tumeurs des cellules germinales testiculaires, bien que les preuves soient faibles; les preuves concernant d’autres cancers étaient insuffisantes.

Signification : la consommation soutenue de cannabis peut augmenter le risque de cancer des testicules, mais dans l’ensemble, l’association de la consommation de cannabis et du développement du cancer reste incertaine.”

Et cette étude ?

Plongeons maintenant dans l’étude de 2009. Une population de 369 hommes âgés de 18 à 44 ans et diagnostiqués de tumeurs testiculaires (TGCT) entre 1999 et 2006 a été interrogée sur sa consommation passée de cannabis. Un groupe de contrôle sain de même taille et issu des mêmes contés a été interrogé sur la même période. Les hommes avec un TGCT étaient plus susceptibles d’être des fumeurs actuels de cannabis à la date de référence que les témoins, avec un coefficient d’1,7 (le Figaro ne manquant pas de titrer que le cannabis double le risque de cancer des testicules, ce que ne disent ni l’étude ni ses auteurs).

Une autre étude de 2009 s’intéresse justement aux facteurs étiologiques de développement de ce type de cancer. Elle remarque que “l’incidence du cancer des testicules est la plus élevée chez les hommes d’ascendance nord-européenne et la plus faible chez les hommes d’origine asiatique et africaine” et qu’ “un ensemble croissant de preuves suggère que le cancer des testicules survient au stade fœtal. Il a été suggéré que les facteurs périnatals, notamment l’exposition à des produits chimiques perturbateurs du système endocrinien, étaient liés au risque.”. Ce qui ne dédouane pas le cannabis mais offre un peu plus de profondeur à l’analyse.

En 2017, une revue d’études sur le TGCT note aussi que “le seul facteur de risque qui a été systématiquement associé à un sous-type histologique (non séminome) est la consommation de cannabis. La prévalence de la consommation de cannabis aux États-Unis a augmenté dans la population générale et chez les Hispaniques. Bien qu’il soit possible que l’association positive entre la consommation de cannabis et le non-séminome explique une partie de l’augmentation des taux de TGCT, cette interprétation doit être réalisée avec prudence car les études existantes sur la consommation de cannabis et le TGCT sont limitées dans la conception de l’étude (toutes sont des études cas-témoins) et reposent sur des auto-déclarations.”

Qu’apprend-on finalement ? Que le besoin de recherches est plus important que les connaissances actuelles sur le cannabis, pour ses bienfaits comme pour ses méfaits. Et que le cliché du cannabis qui cause le cancer a encore de beaux jours devant lui pour certains médias.

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