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Une entreprise allemande du cannabis en discussion avec les Talibans

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La petite investigation de Newsweed avait vu juste. Cpharm, version allemande, est bel et bien l’entreprise qui discute avec le gouvernement taliban d’Afghanistan, comme nous l’annoncions au mois de novembre. La société installée à Bonn l’a confirmé auprès de Cannabis Now.

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Nous avons entamé les discussions avec l’Afghanistan en 2017, quand leur Parlement a autorisé le cannabis médical. En novembre 2020, nous avons établi un site dans le nord du pays, avec des experts, pour créer un laboratoire. Mais l’ancien gouvernement, mis en place par les Américains, était très corrompu”, avance le PDG de Cpharm, Werner Zimmermann.

L’entrepreneur n’est pas très dur envers le nouveau gouvernement taliban, ayant renversé par les armes l’ancien président Ashraf Ghani en août. Leur régime n’a pour l’instant été reconnu par aucun autre pays, et notamment pas par l’Allemagne. Les fondamentalistes islamistes sont aussi accusés par de nombreuses ONG de poursuivre et tuer leurs opposants, et d’avoir enfoncé leur pays dans la famine.

Selon Cannabis Now, Zimmermann espère conclure un accord avec ce régime. Il va même encore plus loin dans les compliments : “Le nouveau gouvernement nous aime beaucoup, car nous sommes sa voix pour montrer au monde à quel point l’ancien gouvernement était corrompu.”

Un cannabis d’exception, mais une féroce dictature

Le projet de Cpharm vise à implanter un site de production de cannabis dans la province de Balkh, près de Mazar-i-Sharif, au nord du pays, lieu historique de production de cannabis. 100% de la production afghane sera transformée en médicaments et crèmes, puis exporté vers l’Allemagne. Selon l’entreprise, elle aurait pour cela reçu le feu vert de l’Institut Fédéral du Médicament, le régulateur allemand.

Le dilemme est puissant pour les entreprises du cannabis : doivent-elles commercer avec l’Afghanistan ? Ce pays est littéralement le berceau du cannabis. Les premières variétés de la plante naissent dans l’Hindu Kush, une région montagneuse située aujourd’hui à cheval entre Afghanistan et Pakistan. Le cannabis produit sur place, notamment le hash, figure parmi les meilleurs au monde.

Pourtant, difficile d’oublier la dictature qui s’abat sur le pays. Depuis la prise de pouvoir des talibans, l’Afghanistan ne reçoit quasiment plus d’aide internationale, dont il dépendait. Il s’est donc enfoncé dans la crise, avec le retour de la faim selon l’ONU. L’investissement d’entreprises étrangères peut donc apporter un peu d’air aux populations.

Partout où l’opium est cultivé aujourd’hui, le cannabis pourrait pousser à l’avenir” , déclare le patron de Cpharm au journal allemand Bild. “Il était important pour nous qu’ils investissent. C’est ainsi que les gens peuvent trouver du travail”, salue de son côté un porte-parole des Talibans. Reste à voir si Cpharm ne sera pas plutôt accusé de soutenir le très contesté régime taliban. Sans aucun doute, ses mots doux envers le nouveau gouvernement ne passeront pas inaperçus.

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