Cannabis en Australie

L’Australie-Méridionale veut recriminaliser le cannabis

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Premier État d’Australie à décriminaliser la possession et la consommation de cannabis en 1987, l’Australie-Méridionale est aujourd’hui le théâtre d’un revirement. La ministre de la Justice, Vickie Chapman, du Parti Libéral et en poste depuis mars 2018, a déposé un projet de loi visant à recriminaliser la consommation et la possession de cannabis.

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Les amendes actuelles plafonnent à 500$ AUD mais elles pourraient bien quadrupler et atteindre les 2000$ AUD avec, en prime, la réintroduction de peines de prison. Le projet de loi entend remettre le cannabis au même statut que l’ecstasy ou l’héroïne.

La ministre fonde sa décision sur un fait divers arrivé en 2012 : Liam humbles, un adolescent de 17 ans, avait assassiné Lewis McPherson, un autre adolescent d’un an son aîné, la nuit du Nouvel An à Adélaïde, à l’aide d’une arme à feu. Liam Humbles avait été testé positif à l’alcool, à l’ecstasy et au cannabis.

L’Australie-Méridionale à contre-courant

L’usage thérapeutique du cannabis a été légalisé en Australie en 2016 et le parti des Verts avait proposé la légalisation de l’usage récréatif du cannabis à l’échelle nationale en avril de cette année. Ce courant progressif semble aujourd’hui compromis en Australie-Méridionale. Ce projet est d’ailleurs critiqué dans la société civile et politique.

Alex Wodak de la Fondation pour la Réforme des Lois Antidrogues dénonce une décision insensée : « la plupart des gens qui fument du cannabis vont se cacher dans un coin et s’endorme ou alors ils mangent de la glace (…) ils ne vont pas tuer des gens ».

Tim Mellor, représentant de la Société des Lois de l’Australie-Méridionale, accuse la proposition d’ignorer les aspects sanitaires et socio-économiques des problèmes d’addiction.

La réception du projet de loi au Parlement

Le projet de loi ne fait pas l’unanimité au sein du Parlement de l’État. Le Parti Travailliste ainsi que des parlementaires indépendants, appelés les crossbenchers, ont exprimé leur opposition. Il est finalement peu probable que le projet de loi aboutisse, en tout cas pas dans sa forme actuelle.

Le ministre de la Justice de l’opposition, Kyam Maher, a annoncé que son parti serait prêt à soutenir partiellement le projet de loi mais qu’il était contre les sentences d’emprisonnement pour simple possession qu’il considère comme exagérées : « envoyer un jeune en prison pour une erreur idiote n’est pas une méthode que nous soutenons ».

Le leader des Verts d’Australie Méridionale, Mark Parnell, a annoncé, que son parti s’opposera au projet : « c’est une mesure irréfléchie et contre productive ». Il appelle à lutter contre l’abus de drogue à travers le système sanitaire plutôt que le système judiciaire.

Frank Pangallo du parti SA Best, est en faveur d’amendes plus corsées pour la possession de cannabis mais considère que les sentences d’emprisonnement sont excessives.

Le gouvernement du Parti Libéral est majoritaire de seulement une seule voix dans la chambre haute du Parlement (le Conseil Législatif). Si les trois partis restants (Parti Travailliste, les Verts, et le SA Best) s’opposent au projet de loi, comme cela semble être le cas, celui-ci n’aboutira pas.

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