Cannabis en France

Le sénateur Détraigne veut faire réagir le gouvernement sur le CBD

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Par deux fois, il a écrit au gouvernement sur le sujet. La première fois en octobre 2019. La seconde, il y a quelques jours. Le sénateur Yves Détraigne s’empare de la question du CBD trafiqué dans les cigarettes électroniques. “Dans la Marne, au collège et lycée, il y a des enfants qui se vantent de fumer ça”, regrette ce membre du groupe centriste, qui a reçu Newsweed au Sénat.

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C’est son assistante parlementaire qui a été alertée. “J’ai une amie qui est la principale-adjointe d’un petit collège rural, dans la Marne. Elle m’a dit qu’ils avaient régulièrement des malaises d’enfants dans son établissement. Ils se retrouvent avec des jeunes à moitié défoncés, et ils s’en rendent compte quand ils font des malaises”, détaille cette femme, qui préfère ne pas donner son nom.

Un phénomène grave, d’autant plus que le cannabidiol (ou CBD) n’est pas un produit psychotrope. Il ne “défonce” pas. “Ce que consomment ces enfants, ce n’est pas le CBD en vente dans les boutiques, poursuit l’assistante. C’est un produit trafiqué, acheté sur internet.” La description du produit et de ses effets correspond à celle de cannabinoïdes de synthèse. Rien n’est obtenu à partir du cannabis, mais fabriqué en laboratoire.

Dans le département de la Marne, dans l’Est de la France, le phénomène a paru assez inquiétant pour qu’un collectif de parents vse forme. Ensemble, ils entendent lutter contre ces liquides contenant des cannabinoïdes de synthèse. Le but : aider nos ados à sortir de l’addiction“.

L’objectif d’Yves Détraigne est donc de “titiller le gouvernement pour qu’il réagisse sur le sujet”. Lorsqu’il a posé sa première question, en octobre 2019, le ministère de la Justice lui a répondu six mois plus tard. Et c’était “une réponse-type, très classique”, dénonce ce parlementaire. Il adresse donc une deuxième réponse, sur le même sujet. Pour l’instant le ministre, Eric Dupond-Moretti, n’a pas répondu.

Vers une proposition de loi ?

Si le gouvernement n’agit pas, M. Détraigne ne s’interdit pas de passer à la vitesse supérieure. “Quand on pose une question, on interpelle le ou la ministre responsable du domaine. Quand on reçoit une réponse, soit elle nous paraît correcte, soit elle nous laisse tout-à-fait rêveur. A ce moment-là, on dépose une proposition de loi, pour en discuter au Parlement.”

Pour le sénateur, ce sujet peut aussi dépasser les clivages politiques. “C’est possible de réunir des sénateurs de différents groupes politiques, de départements différents, pour proposer un débat.” De quoi mettre la pression au gouvernement pour le forcer à apporter une réponse claire.

En France, la réglementation autour du CBD est floue. Les produits contenant moins de 0,2 % de THC – la substance psychotrope du cannabis – sont autorisés. On voit donc pousser des magasins de CBD comme des champignons. “Depuis l’été 2018, le phénomène de vente de cannabidiol, produit dérivé du cannabis, connaît un certain essor”, reconnaît d’ailleurs le ministère de la Justice dans sa réponse au sénateur Détraigne. Les procureurs ont reçu des consignes du ministère pour contrôler plus strictement ces boutiques.

Le e-liquide CBD est largement disponible en boutique ou sur Internet, mais les e-liquides vendus en sous-main peuvent contenir toutes sortes de substances. “Visiblement, il n’y a pas d’odeur caractéristique donc c’est impossible à repérer”, pointe l’assistante parlementaire d’Yves Détraigne. Le sénateur, lui, s’inquiète : “Ça commence à devenir quelque chose de courant. Il faut qu’on arrive à éteindre ce phénomène.”

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