Cannabis au Canada

Canada : Canopy Growth finance le premier professorat du cannabis

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Début Juin, l’Université de Colombie Britannique a annoncé un nouveau programme de recherche centré sur le cannabis et ses potentialités thérapeutiques. Ce programme de deux ans sera dirigé par le professeur Evan Wood et s’intégrera dans la problématique sociale de la crise des opioïdes. Les nouveaux étudiants du cannabis auront pour mission d’évaluer si le cannabis médical peut endiguer ce fléau.

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Le programme bénéficie de 500 000$ de fondement, provenant du ministère de la Santé Mentale et des Addictions, et de 2,5 millions de dollar de fonds, provenant du géant Canopy Growth.

Un don philanthropique?

Le nombre de Canadiens décédés des suite d’une overdose aux opioïdes était de 4000 l’année dernière avec 1400 d’entre eux en Colombie Britannique. La province a déclaré l’état d’urgence en matière de santé publique. Les acteurs sociaux tels que l’Université et le gouvernement se sentent le devoir d’agir.

Il n’est également pas si étonnant de voir qu’un acteur privé tel que Canopy Growth participe à l’action publique lorsqu’on mesure les bénéfices potentiels de l’entreprise si le cannabis s’avère une alternative viable aux opioïdes. Par ailleurs, la compagnie entretient une longue tradition de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) et de recherche. Elle finance des opérations de préventions et d’éducation en partenariat avec des acteurs publics, et sa filiale Canopy Health Innovations Inc, que l’entreprise a l’intention de racheter dans sa totalité, est entièrement dédiée à la recherche.

Le président de la compagnie, Mark Zekulin, déclare même : « notre entreprise s’efforce de s’impliquer dans sa communauté natale. Ici en Colombie Britannique, nous nous sentons la responsabilité d’investir dans le bien-être de la communauté ». Il se justifie donc d’un but humaniste et entend être le premier contributeur à la création d’un héritage de recherche autour du cannabis médical, au Canada, mais pour le monde entier.

Cette allocation de fonds à destination de l’université est présentée comme un don philanthropique : la compagnie n’aura aucune influence sur la direction et les résultats du programme. Toutefois, ce n’est pas sans avantages pour la compagnie, au moins du point de vue symbolique, puisque la chaire sera appelée Canopy Growth Professorship in Cannabis Science. Dans l’éventualité de résultats positifs, leur association avec le nom et les activités du bienfaiteur pourrait être très lucrative. Ce dernier pourrait bénéficier d’une certaine priorité, dans les faits, grâce à ce coup de com’ mondiale. Plus largement, la donation donne du crédit à la compagnie comme agent du bien public et justifie son activité aux yeux du monde et des pays moins ouverts à la légalisation.

Des partenaires satisfaits

Judy Darcy, du ministère de la Santé Mentale et de l’Addiction, déclare : « il est encourageant de voir que l’industrie privée fasse un pas pour soutenir nos efforts et dénouer cette crise sans précédent ».

Dermot Kelleher, de la Faculté de Médecine de l’UBC, affirme : « UBC est ravie d’entamer un partenariat avec Canopy Growth pour générer un nouveau savoir susceptible d’endiguer la vague d’overdoses aux opioïdes et de contribuer à l’amélioration de la santé et du bien-être ».

Selon Evan Wood, ce genre d’études (deux précédentes études américaines existent sur le sujet) manquait de légimtimité pour accéder aux structures traditionnelles de financement du fait notamment de la prohibition qu’il qualifie d’« énorme erreur ». Il ajoute : « Traditionnellement les universités développent des programmes centrés autour d’une maladie mais ce niveau d’intérêt n’a jamais atteint les problèmes d’addictions qui ont toujours été négligés ». Il se félicite donc du partenariat entre le gouvernement, la communauté scientifique et les producteurs de cannabis qui augure selon lui une pensée progressiste autour des dérives dues à la drogue et donne reconnaissance et crédit au problème de l’addiction.

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