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Canada : les stocks de cannabis gonflent et menacent de faire chuter les prix

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Si la première année de légalisation canadienne a été marquée par la pénurie, il semble que la tendance soit en train de s’inverser. Le Canada fait désormais face à un surplus de cannabis qui menace de faire chuter les prix alors que l’industrie naissante peine encore à être rentable.

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Une croissance forte et constante des stocks de produits non-finis

Santé Canada qualifie les stocks de produits non-finis comme “tout le cannabis séché, dans les inventaires détenus par un cultivateur ou un transformateur agréé, et qui n’est pas emballé et prêt pour la vente”. Selon les données de Santé Canada, ce stock (en vert clair) augmente de manière bien plus rapide que les ventes (en violet) :

Entre le début de la légalisation et août 2019, le stock de produits non-finis a plus que triplé et connait, depuis mars, une croissance exponentielle. L’inventaire des produits finis d’août 2019 représente déjà 5 fois les ventes du mois. Le stock total, lui, représente 30 fois les ventes. Si les ventes stagnaient à 13 000 kilogrammes mensuels, ce stock pourrait approvisionner le marché pendant plus de 2 ans.

Toutefois, le stock de produits non-finis comprend également les déchets de la manucure comme les feuilles et les tiges. Qui plus est, malgré une croissance lente, les ventes augmentent de manière continue depuis mars 2019. Elles vont donc absorber une partie du surplus potentiel.

Une course vers le bas?

Depuis un moment, les grands producteurs canadiens s’appliquent à agrandir leur surface de production pour produire plus à moindre coût et proposer des prix plus compétitifs. Aurora Cannabis, dont la capacité de production est actuellement de 150 000 kilos/an, prévoit ainsi de passer à 500 000 kilos/an pour 2020. Une capacité de production qui égalera celle de Canopy Growth également en voie d’atteindre les 500 000 kilos/an.

“Il y a beaucoup de capacité et beaucoup de financement pour en ajouter davantage, cela conduira inévitablement à un moment d’équilibre de l’approvisionnement, puis de surabondance”, explique Tom Adams, analyste chez BDS. Or, si la capacité de production combinée des producteurs dépasse de trop la capacité d’absorption du marché légal de consommation, le surplus engendré conduira à une baisse des prix. C’est la loi de l’offre et de la demande.

Pour Matt Bottomley, un analyste de Canaccord Genuity Corp, cela ne présage rien de bon : “Je pense qu’il y aura une course vers le bas en termes de prix car maintenant tout le monde a assez de stock”. Certains producteurs ont déjà commencé à baisser leurs prix : Hexo Corp vient de proposer une nouvelle ligne de produits (Original Stash) à 4,49$ soit à un prix 50% inférieur au prix moyen au gramme pratiqué sur le marché légal.

Si les prix baissent trop, les producteurs vont vendre à perte. Ils ont donc tout intérêt à ne pas trop produire. Hexo Corp a par exemple annoncé la fermeture d’une de ses serres et la suspension de son projet d’expansion. Une autre option est d’écouler le surplus sur les marchés en gros pour éviter une chute des prix de vente au consommateur. Selon l’analyste Stephen McBride qui écrit pour Forbes, Aurora pratique cette forme de dumping.

“Quand on regarde les rapports financiers les plus récents d’Aurora, on voit que ses revenus ont augmenté de 52% lors du dernier quart fiscal comparé au précédent. Mais cela cache un vilain secret. L’entreprise a dumpé l’équivalent de 20 millions de dollars de cannabis, cela représente une augmentation de 869% comparé au quart fiscal précédent. Si elle fait ça, c’est parce qu’il n’y a pas assez de demande de la part des consommateurs”.

Pour Matt Bottomley en revanche, l’offre n’est pas tant que ça en décalage avec la demande qui va croissante. “Je ne pense pas qu’il y ait un surplus de cannabis dans les inventaires que la demande du marché illicite du cannabis ne puisse absorber”, explique-t-il. “Je pense que le problème est que nos infrastructures de distribution et l’offre de produits en ligne ne sont pas assez développées pour être en mesure d’attirer les gens qui passent par les canaux illégaux”.

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