Cannabis en Belgique

Belgique : “La politique belge envers le cannabis est un échec”

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C’est ainsi que titre Belga, l’AFP belge : “La politique belge envers le cannabis est un échec”.

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A l’origine de cette constatation, une étude sur plusieurs mois de 15 scientifiques, qui tirent donc la sonnette d’alarme. La conclusion du rapport est sans équivoque. Bien que l’intention de la politique publique sur le cannabis soit bonne, elle a échoué à remplir ses objectifs principaux.

“Le nombre de consommateurs dépendants augmente, de même que les conséquences négatives pour la société” selon Letizia Paoli, professeure de criminologie et coordinatrice du groupe de travail sur le cannabis.

“L’approche répressive a uniquement mené à un déplacement géographique et à l’émergence d’entrepreneurs criminels, qui offrent de manière presque professionnelle du cannabis”, analyse Mme Paoli. “En outre, aucun contrôle n’est possible sur la qualité et la puissance, avec toutes les conséquences que cela suppose sur la santé publique.”

Le rapport met en avant le paradoxe de l’approche répressive et ses conséquences (p.28). “Plus la répression est intense, et plus elle réussit à limiter l’offre et créer de la rareté, plus le prix pour le consommateur est élevé ce qui mène finalement à une plus grande profitabilité pour les producteurs et les distributeurs de cannabis.” Ces marges énormes attirent alors davantage de personnes prêtes à prendre des risques ou qui n’ont rien à perdre.

Les effets d’une répression intense sont alors la multiplication des acteurs illégaux, qui se partagent d’importantes ressources financières utilisées pour se professionnaliser et se mettre à l’abri de la répression. L’évolution des circuits d’approvisionnement, à l’origine via le Maroc, puis maintenant via les Pays-Bas ou directement en Belgique, rend “impossible” la politique répressive.

La répression du cannabis est également à l’origine de l’augmentation de la violence et des crimes, et de l’augmentation des taux de THC dans le cannabis.

Hausse du nombre de PV liés au cannabis

Dans la continuité du rapport, la Libre Belgique remonte que le nombre de PV pour détention de cannabis en région bruxelloise a augmenté entre 2015 et 2016. Julien Uyttendaele, député PS, s’étonne du fait qu’une très large majorité de ces procès-verbaux sanctionnent un usage simple de cannabis, et qu’une minorité s’adresse à des faits de vente.

Certains y verront une étrange résonance à l’argument de notre député Eric Poulliat, qui entend mettre une amende aux consommateurs de cannabis pour “réorienter les moyens de police et de gendarmerie vers les trafics”.

Selon Julien Uyttendaele, la politique prohibitionniste belge actuelle est néfaste. “Ces chiffres permettent de constater des mesures de répression grandissantes alors que le gouvernement devrait offrir son aide dans une logique de sécurité, de prévention et de réduction des risques, déplore le député. La pénalisation liée à la possession et à la consommation du cannabis est contre-productive et ne sera jamais un remède à ces problèmes sociétaux. Une vision humaine écartant la punition serait plus pertinente.”

Quelle politique publique du cannabis pour la Belgique ?

Le rapport se termine par de longues recommandations pour une nouvelle politique du cannabis en Belgique, à savoir une régulation stricte du cannabis.

Les mots d’ordre d’une politique rationnelle du cannabis devraient être un contrôle strict de la consommation de cannabis tout en dissuadant fortement son usage. Le rapport insiste toutefois qu’une régulation ne fera pas disparaître complètement ni les usages problématiques ni le marché noir, mais s’attaquera aux conséquences actuelles de la prohibition du cannabis, mieux que la prohibition elle-même.

Les chercheurs ont mis en avant 4 alternatives possibles : les Cannabis Clubs, un monopole d’Etat, un marché ouvert à des associations sous licence ou un marché libre.

L’étude complète est disponible ici en anglais et là en néerlandais.

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