Cannabis en Asie
De la crise au cannabis : le Sri Lanka mise sur les exportations médicales
Le 13 août 2025, le Sri Lanka a officiellement accordé à sept investisseurs étrangers l’autorisation de cultiver légalement du cannabis à des fins d’exportation. L’autorisation a été délivrée par le Board of Investment (BoI), à l’issue d’un processus concurrentiel au cours duquel sept candidats ont été sélectionnés parmi 37.
L’ancien commissaire général du département d’Ayurveda, le Dr Dhammika Abeygunawardena, qui supervise le projet, a détaillé le cadre :
« Comme condition, chaque investisseur doit déposer une caution de 2 millions de dollars américains auprès de la Banque centrale du Sri Lanka à titre de garantie. »
Il a également expliqué que l’investissement minimum requis est de 5 millions de dollars américains et que la culture sera strictement limitée à des fins d’exportation, principalement pour la production et les essais pharmaceutiques. Aucun cannabis ne peut être détourné pour la consommation locale.
La première phase prévoit des licences temporaires de six mois, renouvelables sur la base de rapports d’étape. Les investisseurs sont tenus de garantir des mesures de sécurité strictes, notamment la mise en place de clôtures et la protection par la Force spéciale (STF) et la police. Au total, 64 acres de terres dans la région de Mirigama ont été allouées.
Le gouvernement s’attend à ce que cette initiative génère d’importantes recettes en devises étrangères, la supervision étant partagée entre la BoI, le ministère de la Sécurité publique, le ministère de l’Environnement et le département de l’Ayurveda.
Cannabis réservé à l’exportation
Le même jour, le porte-parole du Cabinet et ministre des Médias, Nalinda Jayatissa, a confirmé cette politique lors d’un briefing hebdomadaire. Il a expliqué que cette décision fait suite à un long processus engagé dès 2004 :
« C’est la première fois qu’une telle situation se présente et que le gouvernement donne ainsi la possibilité d’exporter. »
Il a ajouté que cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus large du Sri Lanka visant à garantir les devises étrangères, compte tenu notamment de la demande mondiale de cannabis médical en Europe et en Amérique du Nord.
De l’effondrement économique aux réformes pro-marché
L’autorisation de la culture du cannabis s’inscrit dans le contexte de l’effondrement économique du Sri Lanka en 2022 et des réformes radicales entreprises depuis lors. Le président Anura Kumara Dissanayake, premier chef d’État de gauche du pays, a surpris les observateurs en adoptant des réformes pro-marché malgré son discours de campagne.
M. Dissanayake a maintenu ses engagements dans le cadre du plan de sauvetage de 2,9 milliards de dollars du FMI, en augmentant les droits de douane et en restructurant le secteur énergétique public. Son gouvernement a également cherché à doubler les investissements directs étrangers pour les porter à 2 milliards de dollars, ouvrant la voie à des projets à seuil élevé bénéficiant d’avantages fiscaux.
Dans ce contexte, le Conseil des investissements a identifié la culture du cannabis pour l’exportation d’huile à usage médical comme l’un des secteurs prometteurs. Comme l’a déclaré Arjuna Herath, président du BoI :
« Le gouvernement espère annoncer très prochainement des investissements à seuil élevé afin d’accorder des concessions et des incitations. »
Le pays espère attirer jusqu’à 100 millions de dollars d’investissements, avec les 6 premiers projets-pilote que lanceront leur dans des conteneurs sécurisés en vue d’une exportation vers les États-Unis et l’Europe.