Cannabis aux Etats-Unis

Etats-Unis: 78% de trafic transfrontalier de cannabis en moins depuis les légalisations

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Depuis samedi, Trump a partiellement fermé l’administration fédérale en protestation contre le refus des Démocrates au Congrès de financer son mur frontalier à plusieurs milliards de dollars. “Je ne peux pas vous dire quand le gouvernement va réouvrir” a annoncé Trump. “Je peux vous dire qu’il ne va pas réouvrir tant que nous n’avons pas un mur, des grilles. On peut l’appeler comme on veut, au fond c’est la même chose. Il s’agit d’une  barrière contre le flot de gens et de drogues qui entrent dans notre pays”.

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Sur Twitter, il insiste sur la nécessité de protéger les frontières extérieures de la migration clandestine et du trafic de drogue en renforçant les contrôles et en multipliant les barrières physiques. Cependant, une étude du Cato Institute montre que la légalisation du cannabis récréatif dans un certain nombre d’Etats a été plus efficace dans la réduction du trafic de drogue transfrontalier que la construction du mur ou le renforcement des effectifs douaniers.

Une stratégie irrationnelle

Trump veut faire honneur à sa promesse de campagne de finaliser le mur sur toute la frontière americano-mexicaine et prévoit également la réquisition de 5 000 agents frontaliers additionnels. Cependant, les statistiques montrent que cette stratégie n’est pas vraiment efficace. De 2003 à 2009, le nombre d’agents frontaliers a doublé et environ 373km de grilles ont été élevées et équipées de nouvelles technologies de surveillance. Pourtant, le taux annuel de saisies de cannabis par les agents situés entre les points d’entrée est resté inchangé soit 52kg par agent. Ce n’est que lorsque des Etats ont commencé à légaliser en 2014 (le Colorado a légalisé en 2012 mais a débuté les ventes légales en 2014) que le taux de cannabis saisi a continuellement décliné jusqu’à atteindre les 11 kilos par agent en 2018. Cela équivaut à une réduction de 78% en seulement 5 ans.

Ce déclin du trafic transfrontalier de cannabis représente une réduction de 70% des saisies de toutes les drogues à la frontière americano-mexicaine. Cela implique que le cannabis était la drogue la plus largement trafiquée. Elle l’était en particulier entre les points d’entrée. En 2013, ce sont les agents frontaliers postés entre les points d’entrées qui enregistraient la majorité des saisies en terme de valeur. En 2018 en revanche, ce sont les inspecteurs postés aux points d’entrée qui enregistrent des saisies trois fois supérieures en valeur à celles des agents situés entre les points d’entrées. Or, en 2018, les agents situés entre les points d’entrées ne représentent que 8% des saisies de drogues dures en 2018. Selon l’Institut, cela est révélateur d’une nouvelle tendance: les trafiquants se concentrent désormais sur des drogues à plus forte valeur qu’ils font passer en priorité par par les points d’entrée. Par conséquent, la construction d’un mur ou la mobilisation d’agents sur tout le long de la frontière aura peu d’effets sur le trafic de stupéfiants.

Selon le Cato Institute, la stratégie onéreuse de Trump n’a pas vraiment de sens. Leurs résultats remettent en question l’efficacité et la nécessité de construire des barrières physiques et d’augmenter les effectifs des agents frontaliers pour contrôler le flux de drogues entre les points d’entrées. Selon eux, les ressources devraient être en priorité dirigées vers les points d’entrées mais surtout, il faudrait augmenter les voies d’approvisionnement légales. Cette stratégie alternative a prouvé être plus efficace que la repression seule pour réduire le trafic de cannabis en réduisant l’attrait des narcotrafiquants et des consommateurs pour ce marché illicite. L’institut recommande d’adopter une stratégie similaire en termes d’immigration et d’augmenter les voies d’entrée légales pour réduire l’attrait de la clandestinité.

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